Photo Film Lumière Hanoï

Rue Paul Doumer Haïphong en 1953

Libération des français dans un camp de la Croix Rouge

Patrouille française près Haïphong

Compagnie Laotienne Commerce Transport

Haïphong en 1954

Rivoire et Carret Saigon

Une patrouille de légionnaires

Société Indochinoise des allumettes Hanoï

Saïgonnaises sur un pont sur le Mékong

Bière Alsace Salzbruk

Pont Paul Doumer Hanoï

Le marché aux Tissus Haïphong

Brasseries et Glacières Indochine Hanoï

Le film Dien Bien Phu de Pierre Schoendoerffer

STCI Transitaire Saigon

Etablissements Vve Charles Boillot Hanoï

Entre Ciet et Terre

Jardin Botanique Hanoï

Le Maréchal Foch à quai des Messageries Maritimes de Saïgon

Le Tonkin Indochine Française

La Légion Étrangère à Hanoì

Melia Cigarettes Saigon

Soldats français prisonniers du vietminh

Aigle Azur Saigon

Marcel Bigard et le Lt Colonel Langlais, des troupes Coloniales

le général De Lattre de Tassigny avec un général américain

Haiphong en 1953

Pharmacie Chassagne, Peugeot 202 Hanoï

Marins Français à Haïphong en 1940

Pachod Frères Indochine

Bar Haïphong

Dans le Port Haiphong

Commandos  français à Thu Duc en 1946

Cosara Saigon 1953

Etablissements Vve Charles Boillot Hanoï

Tombola des éleves pauvres et orphelins Saigon 1954

Epicerie Tchien-Hong  Haïphong

Au large du Cap Saint-Jacques

Magasins Chaffafon Haïphong

Hotel de Cat Bi Haïphong

Boulevard Bonnal Haiphong en 1953

Agence Peugeot Hanoï

Rue Paul Bert Hanoï

Cyclo Pousse Haïphong en 1953

Lait SucrÉ Concentré Rosy Saigon

Sud Est Asiatique Juillet 1952

Au bord du Fleuve Rouge

La rue Paul Bert Hanoï

Le film Dien Bien Phu de Pierre Schoendoerffer

Thinh Ky Haïphong

Savon Vietnam Saigon

Le général Leclerc commandant du Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient (C.E.F.E.O.) dépose une gerbe au Monument aux Morts français de la première guerre mondiale, le 5 octobre 1945 à Saïgon

Brasseries & Glacières Indochine Bière Royale Cholon

Un patrouilleur français dans le Golfe du Tonkin

Réfugiés vietnamiens évacués du port Haïphong

Asianis le Pastis de Saïgon

Maison M.Godelu Haïphong

Savon Vietnam

Grands Magasins Réunis Hanoï

La Patisserie Thuy-Sy au goût européen Hanoï

Cigarettes Mélia Saïgon

Saïgonnaises sur un pont sur le Mékong

Magasins Chaffafon Haïphong

Cigarettes Nationales

Etablissements J.Michaud Hanoï

C.A.T.I. Saigon

Brasseries et Glacières Indochine Saigon

Réfugiés vietnamiens sur USS Montague Haïphong 1954

Affiche Indochinoise

Grand Hotel du Commerce Haïphong

Restaurant Patisserie Kim, Simca Aronde Hanoï

Velosolex Hanoi



Avion Taxi Indochine

Bière 33 Saigon

Cimenterie de Haïphong

Les Chargeurs réunis

Air Vietnam Saïgon

La Légion étrangère à Haïphong

Transports Indochinois Saigon

Agence Peugeot Hanoï

Citroën Hanoi

Opera Rue Paul Bert & Rue de France Hanoï

Les Halles de Hanoï

Compagnie Autrex Hanoï

Cigarettes Troupes Indochine

Magasins Chaffanjon Hanoi

Evacuation des troupes françaises du Tonkin

Le Général De Lattre De Tassigny recevant un militaire américain

Hotel de la Paix Haïphong en 1954

Le Magasin Girodolle de Haïphong

Pierre Lavigne Hanoï

La Légion étrangère à Haïphong

Entreprise Curzi & Cie

Aigle Azur Indochine

Hôtel-Café de la Paix Hanoï

La Chambre de Commerce Hanoï

Biere 33 Vietnam

Aigle Azur Saigon

Rue Paul Bert Haiphong

Commando français à Thu Duc

Bière 33 Brasseries et Glacières Indochine

Réfugiés catholiques du Tonkin

La Baie Along

Un americain bien tranqille

Ligne ferroviaire Hanoi-Haiphong

Biere 33 Export Saigon

Etablissements J.Michaud Hanoï

Aigle Azur Indochine

Engagez-vous rengagez-vous

Cigarettes Nationales

La Gare de Hanoï

Simca Hanoi

Renault Hanoï

Hôtel-Café de la Paix Hanoï

Transports Aériens Hanoï

Hanoi Photographe

Hôtel-Café de la Paix Hanoï

Air France

Quartier-Maitre contemplant la Baie Along en 1953

Splendid Hôtel Hanoï

Opéra Hanoï

Gami Hanoï

SACRIC Haïphong

Agence Peugeot Hanoï

Avions Taxis d'Indochine janvier 1948

La Gare de Hanoï

La police municipale Hanoï

Hongay votre anthracite

Voyagez avec les troupes coloniales

Motard escorte d honneur Saigon 1949

Anthracite tonkinois

Les allemands dans la légion étrangère Hanoï

Le Magasin Girodolle de Haïphong

Messe en plein air pour des soldats français

Pont Paul Doumer Hanoï

Cigarettes Melia

Etablissements J.Michaud Hanoï

Air France

Grand Hotel du Commerce Haïphong

Air Vietnam Saigon 1952

Seck M baye Hanoi

Le Petit Lac Hanoi

Les Autobus devant le pont Paul Doumer Hanoï

Les Kiosques du Petit Lac Hanoi

Pachod Frères Indochine

Compagnie des eaux Hanoï

Camion Citroën Haïphong en 1952

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Hanoï (Hà Nội)
par Georges Azambre

Article paru dans Géographia

Plan de Saïgon en 1953

L'article présenté ci-dessous a été publié dans le mensuel Géographia n° 38 du mois de novembre 1954
par Georges Azambre
Professeur au Lycée Albert Sarrault
Secrétaire de la Societé de Géographie de Hanoï.
Georges Azambre a été professeur aux lycées français de Saïgon et d'Hanoï, et membre de societés savantes de géographie, il a écrit de nombreux articles sur Hanoï ainsi qu'un thèse sur la mise en valeur agricole des haut plateaux du Sud-Vietnam.

La Cathédrale Saint-Joseph (Nha Tho)

Cathédrale Saint-Joseph Hanoï

Dans les dures contingences actuelles, Hanoï se trouve être le centre d'intenses activités politiques qui, cependant ne parviennent ni à masquer les traits essentiels de la structure de la ville, telle que l'histoire l'a façonnée, ni à transformer les modes de sa population. C'est, donc, en faisant abstraction de tout ce que les circonstances présentes imposent de momentané aux aspects de la ville que l'auteur essaie de découvrir son vrai visage, dans un modelé et, aussi, dans ses expressions.

Le Pont Paul Doumer

Pont Paul Doumer Hanoï Pont Paul Doumer Hanoï Les Autobus devant le pont Paul Doumer Hanoï

C'est le fleuve Rouge qui a été le berceau le berceau de la nation vietnamienne.
Hanoï n'en a pas été toujours été la capitale.
Au IIIe siècle avant notre ère, cette capitale est établie dans l'actuelle province de Phuoc-Yên, au nord du Canal des Rapides, sous le nom de Co-Loa, vers le milieu du 1er siècle, dans la province de Bac-Ninh, sous le nom de Long-Biën, au dernier tiers du Xe siècle, dans la province de Ninh-Binh, sous le nom de Hoa-Lu, au début du XVe siècle, dans le Thanh-Hoa, sous le nom de Tä-Dô.
D'autre part, cette capitale, dans le site occupé actuellement par Hanoï, et qui a été le sien d'une façon presque constante depuis le XIe siècle, a porté successivement ou aletnativement, différents noms: Tông-Binh, Tu-Thânh, sous le roi Ly-Thai-Tô, auquel apparut, dit la légende, un dragon d'or planant dans les airs au-dessus du site que son vol déterminait.
Et encore : Trung-Kinh, Dông-Dô, Dông-Kinh (ainsi désignée en 1430 par le fondateur de la dynastie nationale des Lê postérieurs, l'empereur Lê-Thai-Tô : Dông-King, transcrit, au XVIe siècle, en Tunquin, puis en Tonkin).
Le nom de Hà-Nôi n'apparaît qu'en 1831, et désigne alors la province de ce nom, créée par l'admnistration impériale, "à l'intérieur du Fleuve" La ville tire son nom de la Province; elle le conservera, seule, quand, après 1901, le Province prendra le nom de Hadong.
Matériellement, comment se présente cette "capitale"?
Evoquons d'abord, une enceinte quadrangulaire, une levée de terre dont certains vestiges, subsistent encore, ont pu être confondues avec ceux d'une digue. L'orientation de cette enceinte était commandée par les régles de la géomancie, cette science secrète grâce à laquelle on assurait, aux installations humaines, les influences bénéfiques des forces naturelles ou surnaturelles.
À ce titre, la position de la capitale était particulièrementfavorable, à l'intérieur d'un double méandre du fleuve, dont le tracé évoquait le lobe d'une oreille : ce qui a fait donner le nom de Sông Hông-Hâ, devant Hanoï. Cette enceinte délimitait un petit domaine où s'étendaient des rizières, des jardins, des mares, et sur lequel s'élevaient le Palais de l'Empereur, les demeures des hauts-fonctionnaires, des pagodes, la Trésorerie, des magasins à vivre, une prison, des casernes, une poudrière, une fonderie de canons, etc...
La place, délimitée en pleine campagne, était réservée au souverain et à l'admnistration centrale.

dragon

Mais la présence de ce corps indépendant de fonctionaires et de militaires avait provoqué la naissance d'un commerce actif et l'installation permanente d'artisans et de marchands, entre l'enceinte dont nous avons parlé et le fleuve, voie principale du trafic. Cet autre ensemble, parfaitement séparé de la cité officielle s'appela "Ke Cho", ce qui, littéralement, signifie : les "gens du marché".
C'est donc sous le nom de Ke Cho que les cartes du XVIIe siècle signalent Hanoï au bord du Fleuve Rouge. C'est sous ce nom que les missionnaires er commerçants d'alors en parlent dans leurs relations et dans leurs rapports, et non pas sous le nom de Tchang-Long. Nombre de ces textes publiés sont parfaitement connus, qui décrivent Ke Cho au XVIIe siècle, avec des précisions bien vivantes.
Or, ces descriptions ne sont pas sensiblement différentes de celles que nous connaissons de Hanoï, vers le dernier quart du XIXe siècle. Ke Cho et Hanoï ont un aspect identique; rien n'a changé. D'après l'écrivain vietnamien Tiên-Dàm, "les rues étaient étroites, les chaussées en terre, véritable cloaque en cas de pluie. Pas de canivaux, ni de fossés d'écoulement, de sorte que l'insalubrité y régnait en permanence et les épidémies y trouvent un terrain exceptionnellement favorables".

dragon

Labarthe, dans la Revue de Géographie, précise en 1883 :
"Les rues annamites ne sont point pavée. À la moindre pluie, il a plusieurs pieds de boue épaisse, à laquelle se trouvent mêlées les détritus de toutes sortes que les habitants déversent au milieu même de la rue. Les cases, inégales, sont construites chacune sur un alignement différent, ce qui fait de la rue une succession d'angles sortants et d'angles entrants. Les toits en chaume descendent très bas. La façade de la case donnant sur la rue n'est généralement qu'un châssis mobile lié par le haut, et qu'on relève pendant le jour en le maintenant incliné au moyen de deux bâtons. C'est sous cette tente improvisé (qui le préserve à la fois de la pluie et du soleil) que le marchand dresse son étalage. Les jours de marché, les femmes et les enfants des villages environnants s'établissent au milieu de la rue... La foule des marchands avec leurs paniers et leurs étalages encombrants, et, dès lors, la circulation est impossible...

dragon

Effectivement avant 1885, il n'y pas eu de grand marché couvert à Hanoï. Les quatre marchés de la rue du Riz, de la rue des Bambous, de la rue de la Citadelle et de la rue des Cartes étaient constitués par le groupement d'abris permanents couverts de paille, propres à chaque commerçant urbain. Les jours de grand marché (le 1er et le 15 de chaque mois lunaire), les campagnards des environs s'installaient donc par terre, chacun dans la rue consacrée à sa spécialité.
C'est qu'en effet, chaque rue, chaque phô, présentait ce caractère particulier d'avoir une activité artisanale ou commercial propre : dans la rue des Incrusteurs étaient groupés tous les artisans de la nacre, véritables artistiques dont le talent n'était desservi que par un outillage très rudimentaire : dans la rue des Brodeurs se trouvaient tous les artisans de cette profession ; de même que dans la rue de la Soie, la rue des Pipes, la rue des Nattes, des Volailles, des Médicaments, des Balances, des Eventails, etc....Le mot phô, que l'on traduit de nos jours par "rue", exprimait, alors, moins un axe de circulation qu'un mode de groupement. Les gens de métier constituaient autant de phô distincts qu'il y avait de professions différentes.

La rue de la Soie

Rue de la Soie Hanoi Rue de la Soie Hanoi Rue de la Soie Hanoi

De plus, chaque phô avait son admnistraton propre, concrétiasée par la maison communale, le dinh, où se réunissait le Conseil des notables, où s'abritait le génie protecteur de la communauté, où se trouvait l'école. La première municipalité, pour l'ensemble de la ville, ne fut créée qu'en 1888. Jusqu'alors, chaque phô constituait une cellule admnistrative et artisinale particulière, un marché spécialisé, une entité originale. Que nous voici donc loin de compte avec la simple traduction du phô par "rue" !
À leurs extrémités, ces phôs étaient séparés des autres par des murs qui les barraient dans toute la largeur, et au milieu desquels s'ouvraient d'étroites portes, que l'on fermait la nuit.
Les principales rues portaient, sur le fronton de leurs portes, leurs noms inscrits en caractères chinois : ou bien un simple écritau placé à l'extérieur désignant la spécialité artisanale de chacun. Parfois, sur les chambranles, des sentences exprimaient des souhaits ou des conseils, par exemple :
"Que la population soit tranquille dans cette rue"
Jusqu'en 1886, la plupart des portes ont subsisté. La colonie chinois de Hanoï, déjà importante et très homogène, avait aussi des rues à elle : celles-ci d'ailleurs, généralement pavées en leur milieu et fermées à leurs extrémités par des portes monumentales, constituaient le plus quartier de la ville.
À l'ouest et au sud de ces deux ensembles (d'une part, la cité officielle, de l'autre, le groupe des phô) s'étendait la campagne, peuplée de villages et de hameaux entre les mares et les rizières.
À l'est, du côté du Fleuve, Hanoï était limitée par une digue-rempart, simple levée de terre percée de portes, dont une seule subsiste aujourd'hui, datent de 1749.
Au-delà s'étendaient les berges, chaque été, menacées par les crues du Fleuve Rouge, où stagnaient, en permanence, de nombreuses mares.

La rue des Ferblantiers

La rue des Ferblantiers Hanoï

Et les Européens? On les trouvait à l'extérieur de la ville. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que l'on voit les premiers d'entre eux, commerçants et missionnaires, fixés à Ke Cho. Des Hollandais depuis 1637, les Anglais depuis 1683, ont chacun leur factorerie.
Nous n'avons pas à faire ici l'histoire de leur présence. Je signale simplement que, depuis qu'il s'en été présenté, les Européens commerçants avaient été toujors cantonnés en dehors de l'enceinte de la ville. C'est aussi dans cette même situation que se trouva établie, par le Traité de commerce du 31 août 1874 (et la Convention qui s'ensuivit, en 1875), la Concession française jusqu'en 1882.
Dès 1883, les évements vont commander une modification dans la structure de la ville, car c'est à cette époque que va se créer un nouveau quartier, le quartier français, déterminé dans son axe par le tracé du parcours direct qui unissait la Concession à la Citadelle, et qui empruntait la rue des Incrusteurs, au sud du Petit-Lac. Toutefois, à partir de 1888, l'expansion de Hanoï prend une allure accélérée et la ville revêt un aspect citadin moderne : d'une part, la ville ancienne est transformée ; les portes intérieures des phô sont abattus, les mares comblées et de nombreux logements sont construits à leur place; les rues avec trottoirs et caniveaux, remplacent les anciens passages; et les maisons "en dur", les anciennes paillotes. Des bornes-fontaines distribuent l'eau.
L'électricité surgit en 1895; les premiers tramways électriques en 1900.
D'autre part, la ville française prend une extension considérable au sud (des mares sont comblées, d'anciens villages, une centaine sont incorporés dans le périmètre de la ville), et à l'ouest (à l'emplacement de la Citadelle, dont l'enceinte commence à être démolie en 1894).
C'est ce développement de la ville gagnée sur les mares et protégée par une digue colossale, qu'enregistrent les plans successifs de 1883, 1890, 1902, 1915, 1936, et 1942.

Le Petit-Lac

Le Petit Lac de Hanoï Le Petit Lac d'Hanoi Vue aérienne sur Hanoï

Cet aperçu historique des données historiques nous permet de comprendre la ville telle qu'elle se présente aujourd'hui, dans la structure générale de son plan, où nous reconnaissons :
- la ville vietnamienne ancienne et transformée, au nord du Petit-Lac.
- la ville française, moderne, créée de toutes pièces, s'étendant au sud de la précédente, et se développant, en outre, sur une partie de l'antique Citadelle.
Dans son plan, le quartier vietnamien du nord traduit l'ancienne structure de Ke Cho.
Si sa physionomie a été transformé, du moins perçoit-on encore la persistance des anciennes traditions dans beaucoup de petites rues, dont les corps de métiers, groupés, subsistent encore dans les phô d'autrefois, à des stades divers d'évolution. Ainsi, la rue des Ferblantiers, la rue des Tasses, la rue des Briques, la rue de la Saumure, sont bordées de boutiques étroites, profondes, sans devantures ni vitrines, ouvertes de plain-pied sur la rue, tantôt comme un simple magasin où la marchandise s'empile en vrac ; l'arrière boutique sert souvent d'habitation.
La rue des Changeurs (bijoutiers), la rue des Brodeurs (ex-rue Jules Ferry) conservent aujourd'hui, encore nettement, leur spécifités, mais les magasins présentent des vitrines.
La rue des Caisses est, aujourd'hui, spécialisée dans la vente des malles et des cantines. Certaines ont vu leur industrie "éclater" : telles la rue des Chapeaux et la rue des Eventails, dont la vente se trouve actuellement disséminée. D'autres ont vu leur artisanat diparaître complètement : telle est la rue des Inscruteurs (ex-rue Paul Bert). Enfin, au dernier stade de l'évolution, nous voyons de multiples magasins, sans rapport exclusif avec le coton, le chanvre, le riz ou le sucre, dont les rues portent le nom.
C'est toujours à l'intérieur de ce quartier vietnamien ancien que se concentre la colonie chinoise de Hanoï.

La rue des Cantonnais

La rue des Cantonnais Hanoi La rue des Cantonnais Hanoi

L'observateur le moins prévenu y trouve un monde tout différent. Le cadre n'est pas le même non plus, bien que la différence, aujourd'hui, soit moins frappantes qu'elle ne l'était autrefois. Nous sommes ici chez des commerçants pratiquant le commerce de détail.
D'une façon générale, l'alimentation l'emporte de beaucoup sur le commerce des tissus ou des produits de la pharmacopée sino-vietnamienne.
De nombreux chinois sont restaurateurs, blanchisseurs, couturiers, transporteurs, etc... Beaucoup n'ont pas d'activité spécialisée : tel peut-être à la fois restaurateur, épicier, horloger, et tenir un bazar. Comme toujours, comme partout, ils forment un monde à part ; ils ont leurs pagodes, leurs écoles, leur lycée, leur hôpital, leur presse d'information, leurs fêtes. Ils sont organisés en groupements admnistratifs, auxquels tous les Chinois immigrés doivent obligatoirement appartenir.
Le quartier vietnamien historique comprend, en outre, un troisième groupe etnique d'origine relativement récente. C'est en effet vers 1908 qu'arrivèrent à Hanoï les premiers immigrants de la péninsule indienne. Sensiblement moins nombreux que les Chinois, Musulmans, Indiens et Pakistanais s'entendent parfaitement entre eux : ici la religion prime la nationalité. Ils sont tous marchands de tissus et d'articles de bazar. Cette mosaïque ethnique, religieuse et linguistique constitue un assemblage d'autant plus curieux que chacun des éléments conserve ses caractères spécifiques, et qu'ils se trouvent étroitement juxtaposés, sans jamais se mêler.
Je m'étendrai moins sur le quartier européen, qui est surtout demeuré un quartier résidentiel das structure. De longues et larges avenues offrent de superbes perpectives, tel le boulevard Gambetta, long de plus de deux kilomètres, large de trente mètres, planté d'arbres magnifiques, bordé de villas au milieu des jardins. Ces villas possèdent des fenêtres vitrées, et leur chambre ont des cheminées : double mesure nécessitée dans le nord par le climat hivernal, alors qu'à Saïgon, où les conditions sont différentes, les demeurent se dispensent et de l'une et de l'autre. Ces avenues et ces rues se recoupent à angle droit.
Là s'élevent toutes les grandes institutions d'ordre culturel fondées par la France :
- L'Université, le Musée, l'Ecole française d'Extrême-Orient, l'Institut Pasteur, l'Institut du Radium, le Service géologique, le Service météorologique, la Bibliothèque centrale. Ce quartier s'est développé sur une partie de l'ancienne Citadelle, dont l'enceinte a été rasée en 1897, et remplacée par de grandes avenues.
Au sud, enfin, du quartier français, s'étend depuis 1928, un nouveau quartier moderne, exclusivement habité par des Vietnamiens, ce qui le distingue du quartier historique, situé au nord du Petit-Lac.
De l'activité économique de Hanoï, je n'évoquerai que le caractère spécial qu'elle revêt aujourd'hui. C'est dans ce domaine que se manifestent, avec le plus d'acuité, les conditions imposées par les circonstances actuelles.
Si, depuis 1946, de grands établissements détruits alors, ne sont pas reconstruits, d'autres connaissent un développement considérable. Telles : la Compagnie des Eaux qui fournit journellement 40 000 m2 d'eau ; la Société d'Electricité ; la Société des Transports en commun de la Région de Hanoï (qu'utilisent plus de 15 millions de voyageurs par an) ; les Brasseries et Glacières d'Indochine. Il y a lieu de noter, aussi, le grand nombre d'imprimeries importantes (Minsang, Saint-Thérèse, Lê van Tân, Imprimerie d'Extrême-Orient), et de maisons d'éditions publiant livres,revues, périodiques.

L'Imprimerie d'Extrême-Orient

Hanoï Imprimerie d'Extreme-Orient Hanoï Imprimerie d'Extreme-Orient

Le port de Hanoï, prospère au temps où la batellerie fluviale était le seul mode de transport pratique, a vu son trafic concurrencé par celui des routes et des voies ferrées qui, toutes, convergent vers Hanoï. En outre, les bancs de sable, que le fleuve augmente de ses apports à chaque crue, ont rendu le bras de Hanoï de moins en moins accessible à l'étiage.
Les ingénieurs français du Service Hydrolique avaient fait de nombreuses études pour "fixer" le lit mineur du Fleuve Rouge, et maintenir, contre la rive droite, un chenal navigable en hiver. Les ingénieurs vietnamiens poursuivent très méthodiquement ces études, en vue de l'aménagement définitif d'un port fluvial.
En résumé, la structure de la ville actuelle est la projection évidente des différents milieux vietnamienschinois et français.
Les fonctions de la ville, au point de vue politique, considérables à l'origine de l'histoire, disputées, par la suite, avaient été éliminées au début du XIXe siècle, au moment où, pour la première fois, l'Etat réalisait son unité, du nord au sud.
Au point de vue admnistratif, ces fonctions étaient restées importantes, et même avaient reçu, au début, au début du XXe siècle, un regain d'éclat.
Au point de vue économique, Hanoï n'a toujours qu'un grand centre de transit et de redistribution régionale. Elle n'a pas de centre de "grandes affaires". Son marché n'a jamais eu dans le monde l'ampleur et le rayonnement de Saïgon.
C'est comme centre intellectuel que Hanoï a conservé un rang prééminent au Vietnam et qu'elle rayonnera, comme naguère, du plus vif éclat dans l'Extrême-Orient tout entier.
Par son Université et par l'Ecole française d'Extrême-Orient (dont a célébré, en 1950, le cinquantenaire, avec éclat), par ses établissements d'enseignement de tous ordres, vietamiens et français, Hanoï doit rester une des grandes capitales culturelles du monde.

Opera Rue Paul Bert &  Rue de France Hanoï Grand Théâtre de Hanoï Souvenir de Hanoï en 1954

Souvenir d'Indochine

Rue des Pavillons noirs Hanoï

dragon

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