Peugeot 203 Publiciité Jean Comte Saigon

Saïgon 15 Février 1953

Marins Français sur le Porte-Avion Lafayette en mai 1953

Femmes Vietnamiennes devant le Garage Charner Saïgon

La Banque B.N.C.I de Saïgon

Asianis le Pastis de Saïgon

Couple Français devant le Café Le Givral Saïgon

La semaine à Saïgon-Aout 70

Cigarettes Nationales Saigon

Les Bonnes Adresses de Saigon

Cô-bà Pachod Frères Saïgon

Lait SucrÉ Concentré Rosy Saigon

Le Docteur Irwin S. Leinbach devant son Ambulance Peugeot de l'Hôpital Cho-Ray de Saïgon

Les arcades de Saigon 1950

Brodart rue Catinat Saïgon

Sipeo Kodak Saigon

Couple Saïgon

La Croix du Sud rue Catinat Saïgon

Velosolex 330 Saigon

Place Pigneau de Behaine et la Cathedrale de Saigon

La semaine Saigon avril 1967

Air France Saigon

Air Vietnam Saigon 1952

Cigares Mélia

La Croix du Sud rue Catinat Saïgon

Place Francis Garnier

Brodart rue Catinat Saïgon

Velosolex et Camion Citroen Saigon

Etablissements Marthe Gaschot Saigon

Bastos la cigarette de qualité

Taxi Renault 4 CV de Saïgon

Saïgon 15 Février 1953

Théâtre municipal de Saïgon

Touristes françaises en Cyclomoteur à Saïgon

Delahaye Bainier Saïgon

Brodart-Le Bougnat Saigon

Au Menestrel Saigon 1950

Pachod Frères Indochine

Souvenirs de la rue Catinat Saïgon

Camionnette Renault avec une saïgonnaise

Chez Brodard

Grands Magasins Charner Saïgon

Hôtel Continental Taxi Renault

Hôtel Continental Cyclomoteur 23 Juin 1947

Cyclo-Pousse & Citroën 2 CV

La sortie de la messe le dimanche 16 octobre 1948

Renault 4CV & Dauphine Boulevard Charner Saïgon

Femmes devant le magasin de Lucien Berthet Saïgon en 1953

Asianis le Pastis de Saïgon

Les boissons de Marthe Gaschot Gia-Dinh Saigon

Vue sur Saïgon depuis l'hôtel Caravelle

En 1950 le Boulevard Charner Saïgon

Societé Indochinoise de Transports Saigon

Cigarettes Cotab Cholon

F.A.C.I. Saigon

The Far East Air France

Grands Magasins Charner Saïgon

Opticien Michaux Saigon

Ford Vedette Saïgon

jeunes saïgonnaises

Melia Cigarettes Saigon

Ford Vedette Saïgon

Hôtel de Ville Saïgon  Ford Vedette Citroën Traction

La sortie de la messe le dimanche 16 octobre 1948

La Maison Brodart, rue Catinat

Solex Famililal à Saïgon

La semaine a Saïgon en 1961

Savon Vietnam Saigon

Gendarmes Saigon Indochine

Saigonnaise Ao Dai Saigon

Course de Cyclo-Pousse Saigon 1948

La Cathédrale Notre Dame Saigon

Societé des Imprimeries et Librairies Indochichoises Saigon

Two monks in Saigon Air France

Colette et son velosolex devant le Cafe Givral Saïgon

Citroën Traction et Ford Vedette sur le boulevard Bonard à Saïgon

Hôtel Continental Cyclomoteur Mars 1951

Velosolex 3800 Saigon

Derrière la cathédrale de Saïgon

Saigon-Phnom-Penh en 1953

Auxiliaire Féminime Jeep Indochine 1953

Optician Michaux Saigon

La Banque B.N.C.I de Saïgon

Hotel Continental Saigon

Bière Hommel BGI Saigon

Jeunes Saïgonnaise rue Catinat

Le Grand Monde Miss Saigon 1954

Rivoire et Carret Saigon>

Taxi Renault 4cv Saïgon

Café rue Catinat Saigon

Aigle Azur Saigon

Hôtel de Ville Saïgon  Ford Vedette Citroën Traction

La Pagode Saïgon

Citroen DS19 devant le temple Vinh Nghiem

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Drapeau anglais

dragon

Saïgon
La perle de l'Extrême-Orient

Cathedrale de Saïgon

Un coin de Saïgon, au fond les clochers de la Cathédrale.

Vue aérienne et plan de Saïgon en 1953

Vue aérienne sur la Cathédrale de Saïgon en 1953 Plan de Saïgon en 1953

Saïgon était au départ de son histoire un petit port cambodgien, un village de pêcheur nommé Prey Kor.
Occupé par des Annamites dès le XVIIe siècle, le site est alors baptisé Saïgon, puis entouré de murailles au XVIIIe siècle, avant d'être conquis par les Français en 1859.
Saïgon sera alors connu pendant des années comme le « Paris de l' Extrême-Orient » : la ville comporte de nombreux monuments coloniaux.

La "Cité" Saigonnaise"
par Christine Chanut

Sud-Est Saïgon Avril 1950

Article paru dans le périodique mensuel Sud-Est d'avril 1950 édité par :
Les Editions "Le Verseau"
14, boulevard Charner
Saïgon

La Cathédrale Notre-Dame

Cathédrale Notre-Dame Saïgon

Saïgon : "elle n'a ni plus de vertu ni plus de vices que les autres cités ;
elle vit avec exubérance !"
Albert Vivies (avocat à Saïgon)

Un bonjour affectueux de Saïgon Congrès eucharistique au Thé&atre municipal Saïgon 1951

Déclic de l'aube :
Lentement de l'aube et les faubourgs : Tandinh, Gladinh, Phumy, Phuto..., séveillent et se vident. Par des voies animées, toujour les mêmes, se déversent des courants humains que le port et la ville basse absorbe.
A midi :
Des courants se reforment encore en sens inverse pendant que, lasse de s' être affairée dans le va-et-vient des cyclos, des bicyclettes et des voitures, somnole la ville dans la chaleur moite et le silence embrasé.
Vers le soir :
Des courants se reforment encore, mais un air de flânerie submerge les rues, s'installe aux terrasses des cafés où des hommes essayent d'étancher leur soif ou de noyer leur ennui dans des boissons euphoriques et glacées ; et la ville change de visage : fardée de néon, riant de toutes ses lumières, elle multiple ses appels nocturnes, promettant aux humains ce que promettent toutes les villes du monde...
Soumise au rythme de ces pulsations, placée au confluent des remous du port et du calme du "plateau", ville de province et de grande cité, ville d'Orient et d'Occident, Saïgon offre des contrastes et des dissonances, des harmonies aussi, qui lui donnent ce visage frémissant et changeant, attachant, comme tout ce qui est marqué d'un caractère de vie intense.

La rue Catinat
devant le salon de thé "La Pagode"

La rue Catinat à 11 heures du matin La rue Catinat à 1 heure de l'après-midi

Sur la photo de gauche : la rue Catinat à onze heures du matin voit défiler un flot ininterrompu d'autos, de cyclo-pousses et de piétons.
Sur la photo de droite : la rue Catinat deux heures plus tard, à l'heure sacrée de la sieste.

Vue aérienne de Saïgon

Vue aérienne de Saïgon Vu sur le boulevard Charner et la rue Catinat Saigon

Sur la photo de gauche : "La citée forme une sorte de trapèze limité par le port, la rue Lagrandière (à gauche), le boulevard de la Somme (à droite) et le marché (au premier plan).
Sur la photo de droite : le boulevard Charner et la rue Catinat.

Jadis rien de tout cela n'existait.
"En 1859, écrit André Baudrit, il y avait au confluent de l'arroyo chinois et de la rivière, un marché situé auprès d'une pagode branlante, au milieu d'une agglomération de paillotes : c'était Cho-Soi ; puis remontant la rivière jusqu'à l'embouchure de l'Avalanche, les marécages s'étendaient, coupés de quelques canaux fangueux et nauséabonds (actuels boulevard de la Somme et Charner). A mi-chemin entre l'arroyo chinois et l'Avalanche, se trouvait une maison pour les bains royaux, elle était construite sur un radeau de bambous. De là, partait une chaussée de terre rouge qui reliait la rivière au plateau : c'était l'ancêtre de la rue Catinat, sur laquelle la ville future devait s'ossifier. Sur son parcours, elle se resserrait entre une pagode et une chaumière vétustes".
En 1861, Pallu de la Barrière brossa de ces lieux un tableau peu séduisant : "Cette rue en fondrière, ces maisons éparses, cet ensemble un peu misérable, c'est Gia-Dinh-Thành, que nous appelons Saïgon".
Cependant, plein de foi dans l'avenir, l'auteur ajoutait :"Un jour peut-être une ville belle et populeuse s'élèvera sur les lieux où nous avons vu un village annamite..."
Deux ans après, déjà, la ville avait changé d'aspect : "De larges voies macadamisées, se coupant à angle droit de distance en distance, avaient remplacé les chaussées étroites et bombés de la cité annamite ; mais les maisons manquaient encore sur bien des points pour remplir ce cadre régulier", écrivait Hailly en 1863.
"C'est à partir de 1865, souligne André Baudrit, que la ville de Saïgon commence sa marche ascentionnelle vers l'épanouissement que nous lui connaissons aujourd'hui, et c'est l'amiral de la Grandière qui est à la base de cette transformation vraiment prodigieuse".
En moins de quinze ans, la ville fut organisée dans ses grandes lignes. Et, désormais, tout en suivant les fluctuations inhérentes à toute entreprise humaine elle n'a cessé de croître et de prospérer.

Le port de Saïgon

Quai de Belgique Saïgon

Trait d'union créé entre le port et le "plateau", la ville basse est marquée d'un double caractère.
Elle s'agrège au port, à un tel point que Francis de Croisset écrivait :
"Des mâts surgissent entre les arbres ou on l'air de jaillir d'un toit" ; et la "forêt" du "plateau" y est déjà précedée de grands tamariniers qui jalonnent la rue Catinat, des Yaos de la place Francis Garnier, et du jardin d'enfants qui s'étend à l'ombre des dômes sombres des manguiers.

dragon

Et peut-être sont-ce ces arbres de la rue Catinat qui confèrent à Saïgon ce caractère de ville de province qui a frappé tant d'écrivains : "Entre Saïgon et la province française ils créent un lien sentimental ; quand je flâne sous leur ombre, disait Pierre Andelle, je suis pris de tendresse pour Digne, pour Alençon".
"La province française ? écrivait Francis de Croisset dans les années 30, peut-être est-ce à cause de cela que Saïgon à chaque instant m'enchante".
Guy de Portalès, lui, décrivait ainsi la capitale de l'Indochine :
"Vous voici dans une petite ville de province, boulevard de la Somme, boulevard Charner, place Francis Garnier, rue Catinat, le Théâtre municipal, l'Hôtel de Ville. C'est la France, les cafés, les tramways, le bureau de tabac, l'Hôtel Continental. Une autre Cannebière, vaste artère rectiligne où vous flairez la coloniale, le gigolo, le fonctionnaire, le militaire. Tout cela très classe moyenne, bruyant, poussièrieux, à peine relevé d'une pointe de couleur. Les maisons s'alignent, en carton pâte, standardisées par quelque architecte-lauréat de province".
Cependant vers la même époque, Luc Dartin voyait Saïgon avec d'autres yeux :
"...Aux édifices de Saïgon, à son mouvement, à sa richesse, à son rôle réel, à sa marque moitié étrangère, moitié française, on songerait moins à une grande ville de province qu'à telle capitale belge ou suisse, dont les moeurs et les idées sont un peu des nôtres".
Que dirait maintenant Luc Durtain ? Guy de Portalès reconnaîtrait-il sa petite ville ? En vingt ans le visage de Saïgon s'est modifié, ses traits spécifiques se sont accusés, son caractère propre s'est accentué : elle est bien autre chose qu'une ville de province... elle est grande capitale comme en témoignent ses dimensions et ses larges avenues, ses buildings, sa profusion de lumière et ses odeurs vivantes, ses cafés, ses boutiques, sa population et son mouvement ; elle offre à l'heure actuelle une ordonnance générale et des perspectives dont les bâtisseurs peuvent s'enorgueillir.
Comme l'écrivait le gouverneur Hoeffel, cette agglomération urbaine "peut se targuer d'être comparable à beaucoup d'égards aux plus grandes villes de France.

L'Hôtel de Ville

Le boulevard Charner et l'Hôtel de Ville Saïgon 1950

Le boulevard Charner avec au fond l'Hôtel de Ville.
Saïgon a ses "Grands Boulevards", animés et joyeux : le boulevard Bonard, précédé de la géométrie d'un vert éblouissement des pelouses vigoureuses et des massifs taillés à la française de la place Francis Garnier, et le boulevard Charner sur lequel s'inscrit le kaléidoscope polychrome du marché aux fleurs où stagnent des senteurs capiteuses.
Tous deux débouchent sur de vastes espaces : la grande place du marché et la clarté grise de la rivière ; tous deux aboutissent à un monument : le théâtre récemment modernisé et l'hôtel de ville... objet d'une querelle ancienne... mais peu dangereuse. Par les matins de soleil, ils sont gais, pétillants, colorés, vibrants et le jet d'eau, qui appartient à tous les deux, jaillissant d'une double vasque pavée de mosaïques turquoises ajoute encore à cette gaieté lumineuse.

Le marché

Le Marché de Saïgon

Un des coins les plus pittoresques de Saïgon est le marché où s'amoncellent les richesses de la Cochinchine... et d'ailleurs. Toutes les rues avoisinantes drainent vers lui des véhicules les plus divers qui se rangent tout autour, sur l'immense place, dans un tapage assourdissant sur lequel se détachent les thèmes aigüs des marchands ambulants, qui, là la plus encore qu'ailleurs, pullulent.
Chaque partie du marché est spécialisée mais partout on circule dans d'étroites ruelles qu'encombrent encore les porteurs de "ganh".
Dans le coin des étoffes, on s'infiltre entre les haies de soieries et de cotonnades bariolées et éclatantes déployées comme des tentures ou empilées en tas compacts ; les marchands sont assis sur une sorte d'estrade... on pense aux merveilleux "souks marocains" mais ici tout est plus entassé, plus comprimé et on regrette cette odeur de menthe fraîche qui imprègne les rues marchandes de Meknès plafonnées de treillages de roseaux...
Le "marché aux puces" sous toit de paillote où filtrent des raies de lumière baigne dans un clair-obscur. Les objets les plus ahurissants y voisinnent... Profanes et collectionneurs y furètent, à la recherche de quelque authentique merveille échappée de la vieille Chine ou de la royale Hué et parfois on trouve...ou en croit trouver... mais un long apprentissage est nécessaire pour distinguer entre toutes ces neuves antiquités le bleu précieux, le cloisonné ancien, le bouddha ou la quan-ynh polychrome d'un âge rassurant...
Sans transition, le soleil vous aveugle dans le court espace, encombré de gourmands, qu'il faut franchir pour atteindre les vanneries, les poteries où s'entassent tant de choses curieuses, et le marché aux fruits riche de tous ces présents d'Indochine dont on ne saurait plus jamais oublier la saveur : mangues dorées et juteuses, mangoustans à la cosse brune-violette, litchis aux longs poils d'un rouge éclatant, dont la chair acidulée est exquise.

Le Rond-Point Bonard-Charner

Mobylette Motoconfort Saigon Saigonnaise devant la fontaine Saïgon 1950

Le Rond-Point Bonard-Charner avec son jet d'eau jaillissant d'une grande vasque et son marché aux fleurs est un oasis de fraîcheur et de beauté au milieu de la Cité.
C'est dans cette vasque, qu'après le bref crépuscule, les petits nhos s'ébattent avec joie dans un éclaboussement de gerbes d'eau et d'écumes qui étincellent sous la lumière électrique... tandis que, sur les pelouses de la place, les promeneurs s'assoient à même le gazon, avides d'aspirer la fraîcheur agreste de la nuit : tout un peuple calme est là, dispersé,... avec des pensées... que l'on côtoie, sans les connaître.
Les autres rues, pour n'avoir pas la même ampleur, n'en sont pas moins fiévreuses et chacune a sa beauté.
Dans cette partie si vivante. Saïgon mêle étroitement à ses caractères typiquement occidentaux, son estampille de ville asiatique... étrange harmonie qui n'est pas un des moindres éléments de son charme.
Jusque dans les voies perpendiculaires à la rue Catinat, elle offre, à qui rêve d'Orient, la saveur des rues grouillantes où les boutiques chinoises, vietnamiennes et hindoues tendent toujours à envahir la plus grande partie du trottoir avec leurs étalages touffus et plus ou moins hétéroclites.

Jeep devant le théâtre de Saïgon

La circulation est partout d'une intensité et d'une hétérogénité surprenantes... Dans toutes les rues se pressent des théories de bicyclettes terreur des automobilistes, des jeep qui ne rêvent que d'exploration, des voitures françaises, de luxueuses américaines et ses innombrables "cyclos", silhouettes familières de la ville, dont les pédaleurs excellent à guetter le client le plus généreux.

La rue Catinat

Le Continental Palace Saïgon 1950 Aux Nouveautés Catinat Saïgon 1950

Sur la photo de gauche : Le Continental Palace le rendez-vous du tout-Saïgon-qui-parle-et-qui-boit.
Sur celle de droite : Aux Nouveautés Catinat établissement fondé par Jules Berthet en 1887, Vieille Maison ... Bon Renom !

Cette rue Catinat dont on a tant parlé et dont se souviennent avec émotion tous ceux qui ont touché la terre indochinoise.
Axe principal de la cité, elle est la vivante illustration de ce mélange intime d'Occident et d'Orient, de grande cité et de petite ville, qui donne à Saïgon ce caractère spécifique et attachant qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans les villes que baigne la Mer de Chine.
Elle a "ses arbres", ses taraminiers que la fin du jour dore lentement, "ses arbres" autour desquels tant de discussions ont jailli et dont quelques fâcheux, par crainte des moustiques faillirent nous fruster à jamais.
Elle a ses passages élégants qui rappelle ceux de la Capitale, sa "Croix du Sud" qui, avec ses coulées de néon éblouissant, semble un grand café de Paris, ses restaurants, ses cinémas, ses boutiques...
Et pourtant ce mélange d'Europe et d'Asie : bijoutiers, antiquaires, libraires, soieries et colifichets, tout parle ce double langage aux yeux et à l'imagination.
Elle a encore ses salons de thé bruissants de papotages, son "Continental" et sa "Pagode" où se traitent tant de choses : piastres et futilités, propos sérieux et souvenirs, projets et regrets...
Elle draine tout ce que la ville contient de flâneurs et de gens affairés, de curieux et de dilettantes, de bavards et de rêveurs...
Dans l'ombre marbrée d'or se meut une foule bigarée, aux vêtements frais, aux regards paisibles. Sous ce climat toujours égal et tiède, que la profusion végétale empêche d'être accablant, les visages sont moins tendus, plus souriants qu'ailleurs, chacun n'y paraît pas uniquement occupé de soi-même...Il semble que les êtres aient le temps de regarder la couleur du ciel, de humer l'air de la ville, de savourer les instants...
En dépît du monde inquiétant qui la cerne, Saïgon a l'air de donner à chacun la possibilité de se détendre : soldats et matelots flânent devant les vitrines ou bavardent aux terrasses de cafés, harcelés par les petits "nhos" vendeurs de cacahuètes grillées, de cigarettes et de graines de pastèques ; les femmes, souvent libérées en partie des soucis ménagers, y étaient plus de beauté, d'élégance et de jeunesse que dans bien d'autres cités. Certaines de trouver de nombreux admirateurs à la "Pagode" ou au "Continental" elles ont la sagesse de paraître abandonner leurs préoccupations pour créer autour d'elles une atmosphère de futilité reposante, de beauté et de joie de vivre. Libres de leurs mouvements dans leur robes légères, souvent bronzées par le soleil, elles sont une des plus belles parures d'Extrême-Asie.

Saigonnaises dans la rue Catinat Saïgon Café La Croix du Sud Saïgon

Les Vietnamiennes, si graciles dans leur élégance coudoient nos beautés d'Europe dans une note d'exotisme discret. Qu'elles sont charmantes avec leur visage ivoirin, leur chevelure de nuit et leur ravissant costume, qu'elles ont eu la coquetterie de ne pas abandonner ! Le long pantalon blanc de soie souple, la robe flottante et châtoyante (Ao Daï), la grâce nonchalante de leurs gestes mesurés, leur confèrent un étonnant pouvoir de séduction qu'elles pimentent d'une pointe d'occidentalisme par les produits de beauté et les vernis à ongles.
Plus précieuses, les Tamiles de la côte de Coromandel circulent de leur pas lent... les saris aux longs plis qui les drapent, le plus élégant des vêtements, donnent aux plus minces une apparence de Tanagra ou de statuette Ming et à celles qui sont épanouies, une allure souveraine...Leur chevelure d'ébène massée en chignon bas sur la nuque, piquée de blancs jasmins et de blanches marguerites, retenue par des peignes d'écailles sertis de pierres précieuses, leur long vêtement châtoyant ourlé d'une éclatante dorure, les bijoux dont elles rehaussent leur teint de cuivre... les parent comme des idoles... énigmes millenaires des Indes fabuleuses... qui diaprent avec éclat sur la place Pigneau-de-Béhaine le parvis de la cathédrale le dimanche à la sortie de la messe.

Vietnamiennes dans la rue Catinat Saigon 195O Vietnamiennes devant le Café de la Croix du Sud Saïgon 1950 Vietnamiennes devant le Café de la Croix du Sud Saïgon 1950

Sur la photo de gauche : Les Vietnamiennes, si graciles dans leur élégance, coudoient nos beautés d'Europe dans une note d'exotisme discret.
Sur la photo du centre : Les femmes y étaient plus de beauté, d'élégance et de jeunesse que dans bien d'autres cités.
Sur la photo de droite : Dans l'ombre marbrée de la rue Catinat, se meut une foule bigarée aux vêtements frais, aux regards paisibles.

Ville aux multiples visages où la lumière de chaque heure fait naître un sourire différent, ville mouvante où les yeux des hommes reflètent des horizons toujours changeants, ville qui sait vivre avec calme et exubérance. Saïgon vibre sous la lumière chaude des tropiques.
"Quel pays ! Quelle source inépuisable de lyrisme !" disait Francis de Croisset et son enthousiasme était au diapason de celui du journaliste américain Patrick Smith, qui avouait :
"J'ai parcouru le Japon, les Indes Néerlandaises, l'Inde, la Malaisie. Je n'ai pas souffert ; il a fallu que je flâne dans les rues de Saïgon pour retrouver la douceur de vivre, que je dorme une nuit au Continental pour prendre un repos complet. Je t'écrirai avec joie car on m'avait présenté Saïgon comme une ville de débauche..."
Désormais capitale du jeune Etat Vietnamien, un nouveau destin s'ouvre pour Saïgon. Puisse-t'il, riche d'espérance, s'épanouir selon les voeux ardents que formulent tous les Français dont l'amour et la ferveur ont fait naître dans le vaste delta vert cette "Perle de l'Extrême-Orient".

Marché de Saïgon

dragon

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