Le Riz d'Indochine
L’Indochine est, avec le Siam (actuellement Thaïïlande) et la Birmanie un des trois greniers à riz de l’Extrême-Orient et se plaçait, en 1938, avec plus de 1 million de tonnes, au deuxième rang des exportateurs mondiaux. Base de la nourriture des peuples indochinois, le riz, dont chaque individu consomme 5 à 600 grammes par jour, était cultivé dans ces pays, en particulier dans le Nord du Vietnam, depuis des temps immémoriaux.
Les rizières du Vietnam
Les deux grands centres indochinois de la production rizicole sont le delta du Mékong dans le Sud et le delta du fleuve rouge
dans le Nord. L’influence française au début du XXe siècle, a permis l’extension des rizières et l’augmentation de leur rendement par la régularisation
de l’irrigation (construction de barrages, de digues, percement de nombreux canaux, etc.…).
C’est dans le Sud que la production fut plus sensible : 380.000 ha cultivés en 1868 ; 2.500.000 ha en 1952
La récolte du 10e mois est toujours la plus importante ; c’est ainsi que la moyenne de rendement d’une très bonne année est de 15 quintaux à l’hectare pour le 5e mois et de 23 quintaux à l’hectare pour le 10e mois.
Avant de détailler les différentes phases de la riziculture de plaine, signalons que, dans le Sud-Vietnam et au Cambodge, 10 % des rizières cultivées portent du riz flottant ; elles se situent dans des régions inondées, celles de Long Xuyen et Chaudoc, qui regardent la plaine des Joncs, et à la périphérie de la cuvette des grands lacs cambodgiens.
Dans ces régions, la campagne rizicole commence à la fin de la saison sèche ; le sol est travaillé par labour et hersage ; aux premières pluies d'avril, le riz est semé à sec (80kg à l’Ha) environ 2 mois avant la venue de l’inondation, afin que le plant ait déjà , à ce moment-là , au moins 0,50 m à 0,90 m et puisse résister à la pression de l’eau.>br>
Ensuite la tige s’allonge au fur et à mesure que l’eau monte. La récolte se fait au cours des 10e et 11e mois, tantôt à sec, tantôt dans l’eau, selon que le retrait a été rapide ou lent.
La riziculture procède de traditions très anciennes. Les rizières sont délimitées en casiers par des diguettes de terre qui permettent de régulariser l’irrigation et d’obtenir dans chaque casier le dosage d’eau nécessaire. Les diverses phases de la culture sont toujours les mêmes : semailles du riz en pépinières, arraches des jeunes plants après qu’ils aient passé de vingt jours à deux mois dans une pépinière, repiquage dans le champ qui a été au préalable plusieurs fois labouré, hersé et fumé.
Le travail de repiquage, qui s’effectue dans les casiers inondés, est généralement confié à des femmes ; les touffes sont disposés en quinconces.
Il faut, par la suite, maintenir à l’intérieur de chaque casier le niveau d’eau nécessaire à la maturation, ce qui oblige constamment à des dosages, en raison de la très forte évaporation ; par ailleurs, le niveau de l’eau ne doit pas être trop important, car on arrive facilement à noyer la plante.
Il faut environ 10.000 tonnes d’eau par hectare pour chaque récolte.
Lorsque le riz arrive à maturité, on procède à la moisson ; puis interviennent les opérations de décorticage : séparation de la paille et du grain, etc. …
Les résidus du décorticage font l’objet d’une activité artisanale et industrielle ; la paille est employée à la fabrication d’un excellent papier ; le traitement des résidus fournit des produits riches en cellulose, utilisés dans l’industrie chimique ; la distillation du riz donne le "choum» ou alcool de riz très apprécié des populations indochinoises.
Le Kampé c'est le « cul sec » de l'alcool de riz.
source: Pierre Ancion
Malgré les guerres la production en riz de l’Indochine reste très importante : 4.450.000 tonnes en 1952 contre 6.312.000 en 1938.
De nos jours la production de riz était de 19.200.00 en 1990,et de 32.500.000 en 2000 essentiellement grâce à une amélioration du rendement.
Ainsi, d'importateur net de riz en 1988 pour plus de 100 000 tonnes, le Vietnam est devenu troisième exportateur mondial avec, en 1996, 2 millions de tonnes exportées (plus de 6 millions de tonnes en 2000).