Cholon Chợ Lớn
(la ville chinoise)
Plan de Cholon en 1953
L' Arroyo chinois
Sur l'Arroyo chinois stationnent ou se déplacent en permanence une flottille de 3000 sampans chinois ou jonques depuis l'intérieur du pays le riz brut ou paddy vers les usines de Cholon et transportent aux cargos ancrés dans le port de Saïgon le riz décortiqué en provenance de ces usines.
Plusieurs centaines de milliers de personnes vivent dans « roseauville » dans un enchevêtrement de sampans et de péniches dans la plus grande promiscuité. Des familles entières des enfants aux vieillards sont entassées dans des abris de fortune sur ces embarcations, ici point d' état civil mais des individus qui se répartissent durant la journée dans Saïgon et dans Cholon...
Trois organisations tentent de s'emparer de cette masse les Vietminh, les Bin-Xuyen et les policiers qui se livrent entre eux Ă une guerre triangulaire pour le contrĂ´le de l' Arroyo.
Vue aérienne de Cholon
Sur les photos (gauche et centre): le Canal Bonard.
Sur la photo de gauche: le boulevard Tang-Doc-Phuong et l'hippodrome de Phu-To.
Boulevard Galliéni
D'une longueur de 5 Kilomètres ce boulevard est la grande artère qui relie Saïgon à Cholon, on y trouve :
sur le bord de celui-ci le «Parc à Buffles» qui est à la fin des années 40 et au début de la décade suivante est un gigantesque bordel de l'armée avec un sommaire cordon sanitaire avec de nombreuses paillotes en terre battue avec des centaines de filles contrôlées par des mères maquerelles pour le compte du Corps Expéditionnaire français.
A l'extrémité sud c'est Cholon, une ville chinoise où les européens n'habitent pas mais s'y rendent pour l'exotisme, les plaisirs raffinées et la cuisine du «Palais de Jade» et de l' «Arc-en-Ciel» les deux principaux « dance halls ».
Le marché central de Cholon
(maintenant Chợ Bến ThĂ nh)
Hâu Giang (anciennement Tháp Muòi)
Cholon signifie "grand marché" et représente le grand centre commerçant de la capitale cochinchinoise avec une population d'origine chinoise, les Hoa.
Le Marché de Binh Tay a été construit en 1928 reconnaissable par son beffroi, il fut construit à l'initiative de Quach Dà m (1863-1927), sa gestion était gérée par la municipalité de Cholon.
Il est toujours l'un des centres commerciaux les plus actifs de l'agglomération saigonnaise.
Un marchand de pétards au marché central de Cholon.
L'église Saint François de Cholon
L'église Saint-François (appelé aussi l'église Cham Tam du père Tam) est située au :
25, rue Trieu Châu (maintenant Toc Lac)
L'église blanche et jaune de Cha Tam a été construite à la fin du XIXe siècle.
A l'intérieur se trouve une statue à l’effigie de Monseigneur François-Xavier Tam Assou (1855-1934), un vicaire apostolique d'origine chinoise.
Le 2 novembre 1963 le président Ngô Dinh Diêm et son frère Ngo Dinh Nhu, fuyant un coup d’État militaire se réfugièrent dans cette église, ils furent arrêtés, puis exécutés sur la route les conduisant au centre-ville de Saïgon.
La rue des Marins
(Dong Khanh en 1955 maintenant Avenue Tran Hung Dao)
- au 11 Rue des Marins "Le Grand Monde"
- " 48 Pâtissier "Huynh"
- " 182-184 "Restaurant "Diamant"
- " 325 "Nouveautés Bombay"
- " 386 "Banque Franco-Chinoise"
- " 414 " Restaurant "Ai-Hue"
Cholon abrite les marchés Binh Tay et de Kim Bien, les stands s'installent côte à côte, l'ambiance est conviviale entre le va-et-vient des vendeurs ambulants et l'agitation continue alternée.
La rue Hai Thuong Lan Ong porte le nom du grand maître en médecine du Vietnam. Elle est également connue comme la rue de la médecine traditionnelle, ce quartier et regorge de centaines de boutiques pharmaceutiques homéopathique et traditionnelle chinoises.
Restaurant Kim Linh
Le restaurant Kim-Linh est situé au 43-45, rue du Général de Beylié à Cholon, il est fréquenté par les civils européens et les militaires français.
L'Arc-en-Ciel
L' "Arc-en-Ciel" est un cabaret situé à l'angle du 52-56, avenue Jaccaréo et de la rue des Marins.
Toute la décoration est baroque même avec les taxi-girls.
Le grand art de la « taxi-girl » c'est la vertu , c'est d'être « inaccessible ». Le ticket pour une taxi-girl coûte 100 Piastres ce donne le droit à une heure de danse et de conversation.
L'histoire d' une taxi-girl à l' "Arc-en-Ciel" est magnifiquement racontée par Lucien Bodart ainsi que par Graham Greene.
L' "Arc-en-Ciel" c'est aussi un restaurant réputé...
Les Boîtes de nuit de Cholon
Le Grand Monde
Au 11 rue des Marins se trouve le « Grand Monde » protégé par de grands murs jaunes.
Fin 1948 c'était le plus vaste établissement de jeux dans le monde après que Macao ait perdu la 1ere
place avant la seconde mondiale. Beaucoup de jeux avec une majorité de chinois et de vietnamiens, les français sont minoritaires dans cette nébuleuse, le tai-xieu et le bac-quan sont des jeux chinois
absolument impitoyables.
L'affermage est donnée chaque année par le gouvernement vietnamien, la lutte est âpre entre les macaïtes (chinois de Macao) et les vietnamiens du Bin-Xuyen, il faut savoir que le « Grand Monde » contrôle tout : bien évidemment les jeux mais aussi la prostitution, le commerce en gros de la drogue, la contrebande de l'or, des dollars, des cigarettes, la fabrication des faux et des contrefaçons, mais c'est l'empereur Bao-Daï qui interviendra en dernier ressort.
Bay Vien le maître de Cholon
De gauche Ă droite
Bay Vien et le Colonel Leroy en 1949, Bay Vien devant le pont en Y Ă Cholon (quartier gĂ©nĂ©ral des Binh-Xuyen), Bay Vien (en 1955 GĂ©nĂ©ral LĂŞ Văn Viễn).
Le Grand Monde est une « Ferme de jeux » dont l’ouverture remonte au 6 décembre 1946, il fut promulgué par le Haut-Commissaire de France l’Amiral Thierry d’Argenlieu malgré les protestations du gouvernement cochinchinois opposé aux jeux d’argent.
Les concessions étaient accordées pour une durée de deux ans par adjudication au plus offrant. En décembre 1948 cette affermage fut accordé par un consortium de capitaux chinois en provenance de Macao qui accepta de payer 400.000 piastres par jour.
Macao étant alors une colonie portugaise qui vivait presque exclusivement de la contrebande, de l’or et des jeux.
Les macaïstes firent une entrée spectaculaire dans la ville chinois de Cholon en amenant avec eux leur personnel : croupiers, chanteuses, taxi-girls, comptables et gardes du corps !
Situé à Cholon à la rue des Marins connue par ses boutiques et ses restaurants, le Grand Monde, est une ville dans la ville entouréé d’une gigantesque enceinte dans lequel on retrouve de tout des hangars de jeux, trois théâtres, deux cinémas ne jouant que des westerns et des films de cape et d’épée chinois, une pagode, un ring de boxe, des acrobates, des marchands de nouilles, un véritable inventaire à la Jacques Prévert.
Tout le monde se fréquente au Grand monde. De vielles femmes édentées et misérables côtoyant des courtisanes les plus élégantes avec des bijoux étincelants.
Plus au fond se trouve le « club privé ». Là se retrouvent les plus gros joueurs de Cholon, les banquiers et les compradores (hommes d'affaires). L’accès aux tables sont interdites aux femmes et les européens admis sont rares.
Les niveaux des enjeux sont faramineux, les gains et les pertes se chiffrent par des dizaines de millions de piastres.
Le délégué du consortium macaïste est un certain monsieur Trieu-Tuong qui se déplaçait dans Cholon en Cadillac bleu-pétrole. Il ignorera qu’un nouvel homme est train de corrompre les autorités de l’Indochine jusqu’au Chef du gouvernement vietnamien le Président Tran Van Huu ainsi qu’à l’Empereur Bao Daï…
Cet homme c’est Bay Vien qui arrivera en 1951 à fédérer avec lui les chinois les plus riches de Cholon et les Corses dont les plus célèbres d'entre eux, Franchini le célèbre propriétaire de l’ « Hôtel Continental » et Andréani « propriétaire » de la « Croix du Sud » et du Mirador, deux luxueux cabarets. Grâce à cette alliance pour devenir le maître de Cholon, le Grand Monde en son pouvoir va lui permettre de régler les salaires et l'intendance de ses troupes paramilitaires les Binh-Xuyen.
En 1954, après la chute de Dien Bien Phu, Ngo Dinh Diem depuis le « Palais Norodom » devenu « Palais de l’Indépendance » fermera le Grand monde et interdira les jeux.
Bay Vien trouvera vers la France le chemin de l'exil et mourra en septembre 1972 Ă Saint-Maur (Banlieue Parisienne).
Cholon le jour
Cholon la nuit
Les Orchestres du Grand Monde
Un grand mur sépare les tables populaires du « Cabaret », avec une piste exceptionnelle de cent mètres sur trente avec l’orchestre français de Guy Paquinet (ancien de l’orchestre des collégiens de Ray Ventura qu’il a quitté en mars 1947).
La particularité de cet orchestre est que ces membres jouaient toujours en smoking blanc avec un œillet blanc, les musiques interprétées faisaient souvent références aux chansons parisiennes de l’après-guerre avec bien évidemment des taxi-girls, des filles superbes vêtue de soie.
Après Guy Paquinet c'est Alex Caturegli qui dirigera l'Orchestre du Grand Monde, son frère Emile le rejoindra en 1952.
L' Orchestre d' Alex Caturegli
Sur la photo de gauche l'Orchestre du Grande Monde lors d'un gala militaire en 1952
Sur la photo de droite l' Affiche du Spectacle avec le trompettiste Emile Caturegli
Une petite anecdote amusante racontée par Emile Caturegli :
Sur la piste de danse nous avions notre "rat musicien", il connaissait le début et la fin de chaque danse, dès que l'on attaquait un morceau, il sortait d'un petit trou dans le parquet et venait manger quelques cacahuètes et dès la danse finie il réintégrait sa cachette. C'était "notre" attraction !
Sur cette photo le mariage du pianiste Jean Hars, Jacques Chancel figure Ă©galement sur la gauche avec son Ă©pouse.
L'Orchestre d' Alex Caturegli donnait également des représentations le Dimanche au Cercle Sportif de Saïgon , et également des enregistrements à l' émission de Jacques Chancel "Récréation" pour Radio France-Asie.
Après le Grand Monde l' Orchestre d' Alex Caturegli se produira ensuite à Paris au "Lido" et au "Moulin Rouge".
Le Mahjong
(Majiang, Majong, Mahjongg, Mah-jong)
"Le Mahong est bien Ă©videmment le jeu le plus populaire Ă Cholon.
Quand on circule le soir dans Cholon on entend le martèlement extraordinairement rapide et bruyant des dominos jetés sur les tables, dans le silence à peu près complet des joueurs. C'est en effet un jeu qui demande une très grande habilité tactique et une grande concentration, la rapidité même du jeu pouvant dérouter un adversaire distrait.
De plus il faut suivre le jeu ce qui avec plus de cent quarante dominos et trois adversaires demande un certain effort. En somme, en dépît d'une part importante laisées à la chance, c'est avant tout le meilleur stratège qui l'emporte"
Jean-Michel de Kermadec
Le livre sur Cholon
Le livre "Cholon" a Ă©te Ă©crit par Jean-Michel de Kermadec avec des photos de Raymond Cauchetier.
Il a été imprimé en décembre 1955 par l'Imprimerie Française d' Outre-Mer (IFOM)
3, rue Rudyard-Kipling Ă SaĂŻgon.