Les cafés et dancings de Saïgon en 1948
Le centre-ville de Saïgon reste attractif pour l'ensemble de l'armée française en Indochine avec ses nombreux cafés et dancings, tout spécialement dans la rue Catinat et le boulevard Charner.
Tous ces lieux se devaient de combler cet "ennui colonial" des français établis mais aussi "prisonniers" dans la capitale cochinchinoise.
La liste dressée ci-dessous n'est évidemment pas exhaustive.
BARS & DANCINGS DE SAĂŹGON EN 1948 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Bars : | Dancings | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Croix du Sud, rue Catinat | Le Chalet, boulevard Galliéni | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le Continental, rue Catinat | Kim-Son, boulevard Galliéni | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
La Pagode, rue d'Espagne | Van Canh, boulevard Galliéni | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pointe des Blagueurs, quai de Belgique | Dragon d'Or, boulevard de la Somme | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bristol, boulevard Charner | La Venise, place Rigaud-de-Genouilly | Club, boulevard Charner | Tabarin, rue Bourdais | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Aterbia, boulevard Charner | Chez Joseph, rue Jean Eudel | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Bodega, rue d'Espagne | Au Vieux Cambodge, rue Jean Eudel | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Café du Théâtre, place du Théâtre | Le Lion d'or, boulevard Albert 1er | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le Dancing "Au Dragon d'Or" (Kim Long)
Le dancing du Dragon d'or et le Restaurant Dai-a étaient situés au 181, boulevard de la Somme à Saïgon.
Radio Saigon
rue Richaud
Max & Jack Reval
Avec Jack Reval (de son vrai nom Jacques Lavier), nous étions tous les deux Solognots (lui de Marcilly-en-Villette et moi de Romorantin) et, nous passions à Radio-Saïgon une ou deux fois par semaine, pour raconter des histoires de Solognots, ce qui maintenait un peu le moral des troupes en périphérie de Saïgon et, pour tous ceux qui pouvaient nous capter.
Et nous nous produisions dans différentes boîtes de la ville et, particulièrement dans la rue
principale de Saïgon, la rue Catinat, à nos risques et périls, étant donné la guérilla permanente existante.
En effet, les commerçants de la ville qui n’avaient pas souscrit au soutien concret et continu des armées du Vietminh, devaient s’attendre à des représailles sévères, des jets de grenades ou de coktails Molotov… une situation à peu près semblable à celle du Moyen-Orient aujourd’hui…
C’est ainsi qu’il nous arriva, à mon collègue Mammie, guitariste Antillais et à moi-même batteur, de voir rouler plusieurs grenades, devant nous, sur une piste de danse … par bonheur, mon guitariste avait le dos tellement large, qu’il m’a permis de me dissimuler sans risque, alors que mon pauvre Mammie avait, lui, écopé d’une
multitude d’éclats …. par contre, sur la piste, plusieurs vietnamiens et vietnamiennes y avaient laissé leur vie.
Il m’est arrivé de remplacer, pendant plusieurs semaines, l'un membre de l’orchestre Argentin, dans la boîte de nuit la plus
importante de Saïgon, "Le Chalet", située sur la route de Cholon, tenue par un Français.
Au Chalet
255 boulevard Galliéni Saïgon
L'orchestre argentin Della Greca
Sur cette photo de Max, il Ă©tait effectivement batteur dans l'orchestre Della Greca, la guitare dans ses mains est celle du guitariste de l'orchestre, ce guitariste qui Ă©tait celui qui accompagnait Tino Rossi dans tous ses films de l"Ă©poque "Loin des Guitares", "Naples au baiser de feu" etc...."
Cette boîte de nuit sélecte, ne recevait que la haute volée de Saïgon et de Cholon, allant depuis les officiers supérieurs de l’armée Française aux gros commerçants Chinois de Cholon…et, comme par hasard, en cet endroit, malgré la situation explosive, le danger était à peine perceptible, l’armée Vietminh trouvant certainement une aide tangible parmi les citoyens de cette
ville à majorité Chinoise.
Au Chalet
69 rue Catinat
Aimable
A noter que "Le Chalet" Cholon avait également une filiale "Au Chalet Catinat", situé au 69 rue Catinat, qui était un cabaret où se produisait, en cette période, notre bien connu et regretté
accordéoniste "Aimable" avec qui j’ai eu le plaisir de jouer plusieurs fois.
En dehors des heures de répétition, nous nous produisions, avec mon ami Jacques Lavier, dit "Jak Reval" à Radio Saïgon, dans un duo comique, exprimé dans notre patois Solognot, puisqu’il était
lui-même de Marcilly-en-Villette et moi de Romorantin ; cet étalage de blagues, de rigolade et de dérision étant destiné à détendre les troupes.
Lorsque le nouveau Gouverneur Général d’Indochine Pignon fut invité par Norodom Sihanouk, Roi du Cambodge, l’orchestre du Théâtre Aux Armées fut pressenti pour animer les festivités, pendant une semaine au Palais du Roi à Phnom Penh.
Enfin, mi-1948, la situation devenant critique à Saïgon et, faute de renforts, certains services, dont le Théâtre Aux Armées, furent dissous , et leurs membres envoyés en unité combattante…
Pour moi, ce fut provisoirement, le Cinéma Aux Armées d’abord et ensuite le commando du 2ème B.M.E.O., dans le Delta du Mékong et, pour Lavier, le nord de l’Indochine…… je n’ai plus jamais eu de nouvelles de lui.
Ce théâtre Aux Armées, je suis heureux de le faire revivre un peu, ayant constaté que plus rien n’existe le concernant et, ceci même au sein des archives actuelles de l’Armée Française…
Ce Théâtre qui, en son temps, a eu son utilité, aura été oublié comme beaucoup d’autres, dans cette sale guerre d’Indo….
Noël 1946 Jacques Caron est originaire de Noyon, dans l’Oise. Fils d’un employé de mairie chargé des tickets d’alimentation et engagé très tôt dans la Résistance, il est lui-même agent de liaison et seconde son père dans la confection de faux papiers, en développant les photos dans son petit laboratoire clandestin. En 1944, à l’âge de 18 ans, il s’engage pour la durée de la guerre. La France libérée, il part pour l’Indochine. A notre arrivée au bataillon, le capitaine nous fait faire une rédaction. Il est bien étonné de lire dans la mienne que j’ai quitté ma Picardie natale sans nostalgie, bien décidé à prendre ma mesure. J’y gagne une réputation de garçon sérieux qui me vaut d’être de garde au bordel pendant nos quatre mois d’attente à Marseille ! |
Le Théâtre Aux Armées Par Henri Darré, alors caporal et opérateur cinéma. Artistes, acteurs, chanteurs, comiques, illusionnistes, musiciens, nous étions, en 1947 une cinquantaine d’hommes et de femmes, dans ce Théâtre du : Tony Muréna Mon parrain Tony Muréna (Editions Léon Agel-Paris) était venu à Radio-Saïgon fin 1947. Noël 1948 Le Camp Pétrusky n’étant pas très sûr dans la journée et, pas sûr du tout après le coucher du soleil, le Général Leclerc avait demandé, deux ans plutôt, à ce que les paillotes disparaissent aux alentours immédiats du camp, ce qui fut fait et les paillotes brûlées… Chacun de nous pense qu’en France, ce soir, c’est le réveillon de Noël. |
Retrouvailles inespérées
par Henri Darré
Le Théâtre aux Armées de Saïgon
Le Théatre aux Armées 32 rue Taberd Saïgon
Depuis mon retour d’Indochine, en 1949, j’ai vainement recherché à entrer en communication avec ceux de mes camarades qui avaient eu la chance d’être rapatriés en France...
J’ai eu la chance de retrouver en 2004, mes amis Brisot et Nicoccia, que je n’avais pas revus depuis les campagnes des Vosges, d’Alsace, de Royan et de l’Authion, en 1944.. après 60 années, je les rencontre à Chaumont sur Marne...
...jusqu’à notre époque actuelle d’automne 2014, je n’ai plus entendu parler de mes anciens amis d’Indo….. Indochine qui sombre doucement mais sûrement dans l’oubli.
Aujourd’hui, 21 Octobre 2014, j’ai la surprise de ma vie…..je reçois un message d’Edith Russo m’indiquant, que son mari Pierre Russo, rentré en 1949, avait passé le plus clair de son temps à rechercher vainement d’éventuels copains rentrés au bercail et ce, jusqu’à son décés en 2009.
Représentation du mercredi 7 avril 1948 au Théâtre aux Armées
Après 65 ans, je retrouve Pierre Russo qui était le clarinettiste de mon orchestre aux Théâtre Aux Armées de Saïgon... malheureusement, je ne pourrai plus parler de nos activités musicales avec lui, mais seulement qu’avec son épouse Edith. Edith Russo m’a gentiment transmis une série de photos de l’époque, que je me suis attaché à régénérer ce qui m’a rendu heureux, je dirais même euphorique.
En effet, parmi ces photos, figure l’entrée du Théâtre, au 32 rue Taberd, pas très loin de la Cathédrale Notre Dame de Saïgon.
J’ai maintenant en main, probablement la seule image de la façade du Théâtre Aux Armées et, je suis heureux de pouvoir me remémorer le temps que j’ai passé en cet endroit, ce Théâtre me rappelant tant de souvenirs…..
Egalement, cette image montrant un commerçant français de la rue Catinat, vendant les billets pour la prochaine séance théâtrale de la rue Taberd.
Sur l’image montrant l’équipe théâtrale au complet, il s’agit du lendemain de la dernière séance, le 4 août 1948, date à laquelle le Théâtre Aux Armées a été dissous.
La troupe théâtrale de Saïgon en 1948
La photo montre l’équipe théâtrale au complet, il s’agit du lendemain de la dernière séance, le 4 août 1948, date à laquelle le Théâtre Aux Armées a été dissous.
Faute de renforts en Indo, tous les acteurs et musiciens ont, à cette date, été envoyés au baroud, mon ami Lavier et moi, avons été affectés au Service Cinéma des Armées du Camp Pétrusky avant de partir, lui à Cao Bang (Tonkin) et moi, au 2ème B.M.E.O. à SocTrang dans le delta du Mékong.
Sur cette image, on remarque que j’essaie de souffler dans la clarinette de Pierre Russo.
J’ai également pu reconnaître "Mammie", le guitariste antillais, avec Pierre Russo, tous deux formant le groupe avec Tony Sion le pianiste, Sénécot le trompettiste, Couchot le violoniste et moi-même batteur/percussionniste et chef du sextette rythmique.
Le Théâtre aux Armées de la rue Taberd à Saïgon a été rasé au cours des années 50 pour être remplacé par un grand hôpital dont la construction s’est achevée en 1998.
Pierre Russo Ă Đồng Đăng près de la frontière chinoise
Fait dans la Baie du Mont Saint-Michel,
Le 25 Octobre 2014, jour de mes 91 ans.
Henri Darré
Le camp PĂ©trusky en 1954
Hugues Jué, premier à gauche sur la photo, à côté de son frère Daniel, lors de leur rencontre au camp Pétrusky en 1954.
Le service cinéma en Indochine
par Henri Darré
- sur la photo de gauche Hugues Jué devant son outil de travail - un Dodge 6x6 (Maréchal Joffre)
- sur la photo de droite le camion du service social section cinéma équipe du maréchal Joffre
Retrouvailles au Cinéma d’Indochine…
Patience et persévérance font que les hommes, malgré l’énormité de la planète, se retrouvent toujours…
Grâce aux sites diffusant mes récits sur Internet, j’étais contacté, il y a quelques jours, par Daniel Jué, un ancien de l’Armée de l’Air d’Indochine, ayant servi, en tant que Maître-Infirmier, sur la Base de Gia Lam (Tonkin), de 1952 à 1954.
Cet ancien d’Indo avait remarqué, en lisant un de mes récits, que j’avais servi moi-même au Cinéma aux Armées, à Saïgon où, son propre frère Hugues Jué (décédé en 1995) avait servi cette unité Cinéma, au cours des mêmes années 1952/54.
Après avoir "glané " quelques renseignements et photos, je constatai que le Sergent-Chef Hugues Jué venant de l’Ecole d’Application d’Artillerie de Nîmes, avait été affecté au Cinéma Aux Armées en 1952 et avait opéré sur le camion Cinéma Dodge 6x6, du nom de Maréchal Joffre or il se trouve que mes trois premières semaines, en qualité de projectionniste chef d’équipe Cinéma, je les ai passées, en 1948, précisément sur ce même véhicule Maréchal Joffre… dans des postes de la Légion Etrangère stationnés dans un rayon de 25/30 kms autour de Saïgon.
J’ai été, par la suite, affecté avec mes deux coéquipiers, sur le GMC Maréchal Bazaine où, notre mission nous appelait vers des postes plus isolés et plus éloignés de Saïgon, vers la Plaine des Joncs et le Delta du Mékong.
- Sur la photo de gauche l’intérieur du camion Maréchal Joffre…tout le matériel était bien calé pour résister aux pistes défoncées.
Au fond, la cabine de pilotage où les projectionnistes cumulaient leur fonction, avec celles de chauffeur, dépanneur et éventuellement de combattant…
- Sur la photo du centre l'intérieur du camion cinéma du Maréchal Joffre, Hugues Jué occupé sur son projecteur Debrie 16mm.
- Sur la photo de droite on aperçoit, au fond, la carte, qui figurait dans tous les camions Cinéma, indiquant les postes a visiter, pour une tournée de trois semaines environ.
A la faveur de ces retrouvailles, j’ai pû constater l’évolution importante du Service Cinéma en Indochine, de 1948 à 1954, où ce Service avait apparemment acquis un photographe "Pro" bien équipé, les photos jointes en étant la meilleure preuve.
Hugues Jué, à probablement vécu les mêmes angoisses, émotions et satisfactions que j’ai ressenties moi-même au cours de nos missions dans ces postes isoles et, pour sa mémoire ainsi que sa famille, je m’associe à celui qui, comme moi et tant d’autres, ont contribué à rendre une vie moins maussade à ceux qui ont combattu, loin de leur famille, sur cette terre lointaine d’Indochine.
Le camp PĂ©trusky en 1954
Hugues Jué, premier à gauche sur la photo, à côté de son frère Daniel, lors de leur rencontre au camp Pétrusky en 1954.
Gala Annuel du 6 novembre 1954
des Anciens Enfants de Troupe (A.E.T.)
Le mot du Président
Chers camarade,
Le Président vous souhaite la bienvenue et vous convie aux distractions de cette soirée.
Nuit des A.E.T.
Avec le grand orchestre de la 2e LĂ©gion de la Garde sous la direction de :
Jean-Landry
Présentation par
Paul Sylvain de l'Armée de l'Air.
Cotillons...et la demi-heure des artistes amateurs...
Tarifs de Consommations en Piastres :
Champagnes : Mumm Cordon Rouge ou Vert 290 $, Pommery 1947 290, Taittinger, Mercier 240.
Vins blancs : Tramminer, Riesling, Saint-Croix du Mont 90.
Vins fins rosé : Arbois 90.
Bières : Française, Allemande 30.
Boissons Gazeuses : Piper Get soda, 1/4 Perrier, 1/4 Vittelloise, Extrait Pamplemousse 25, Soda 25
Buffet Froid : Gâteaux 10, Assiette anglaise 30, Sandwich 20.
Cigarettes : Américaines 25, Bastos, Mélia 5, Mélia Rouge 12, Golden Club 12.
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