Le "Bazar SaĂŻgonnais"
Fondé en 1885
86 Ă 104, rue Catinat
Auguste et Caroline Courtinat
Le "Bazar Saïgonnais" a été fondé en 1885 par Auguste Courtinat.
Auguste Courtinat, nĂ© en 1860 Ă Chaptuzat (Puy de DĂŽme), avait commencĂ© Ă travailler, Ă lâĂąge de 14 ans, au "Bon MarchĂ©", Grand Magasin parisien en pleine expansion Ă ce moment-lĂ sous lâimpulsion dâAlexandre et Marguerite Boucicaut.
A lâĂąge de 24 ans, et sur les conseils de sa soeur ainĂ©e CĂ©lestine, qui avait Ă©pousĂ© un agent des douanes affectĂ© Ă SaĂŻgon, il quitta le "Bon MarchĂ©" pour ouvrir un commerce sur le mĂȘme modĂšle Ă SaĂŻgon.
Il Ă©pousa en 1893 une demoiselle Caroline CrĂ©niault quâil avait connue Ă Lyon, chez un de ses fournisseurs, la maison François Revel, maison cĂ©lĂšbre pour les parapluies quâelle fabriquait et vendait dĂ©jĂ Ă travers le Monde. Caroline prit ensuite une part active dans la gestion du Bazar SaĂŻgonnais.
SĂąm-Banh (Champagne) LĂ©on Chandon
Le magasin vers 1900
Le Bazar SaĂŻgonnais vers 1900
Le "Bazar SaĂŻgonnais" prit place dans quelques compartiments au coin de la rue Catinat et de la rue Amiral DuprĂ©, ce qui Ă©tait un excellent emplacement pour un Ă©tablissement commercial Ă destination dâun large public. Ses affaires furent suffisamment fructueuses pour que, quelques annĂ©es plus tard, Auguste et son Ă©pouse Caroline se rendent acquĂ©reurs de tout lâimmeuble dans lequel Ă©tait installĂ© leur commerce.
Le Magasin sâappuyait sur un bureau dâachats situĂ© Ă Lyon, Ă lâĂ©poque place commerciale rĂ©putĂ©e, notamment pour sa foire annuelle, et il Ă©tait courant pour les employĂ©s français de la Maison Courtinat, de commencer Ă travailler Ă Lyon pour ensuite rejoindre SaĂŻgon, lorsquâils le souhaitaient.
A. Courtinat et Cie - bureau dâachat et de transit
2, rue de la RĂ©publique, Lyon (RhĂŽne)
Auguste et Caroline Courtinat dirigĂšrent ainsi le "Bazar SaĂŻgonnais" jusquâen 1914.
Lors de la dĂ©claration de guerre, leurs fils, Camille et Maurice, tous deux nĂ©s Ă SaĂŻgon, Ă©taient Ă Lyon pour leurs Ă©tudes, et en Ăąge dâĂȘtre appelĂ©s sous les drapeaux.
Ils les rejoignirent et confiĂšrent la Direction du Magasin Ă Joseph CrĂ©niault, frĂšre ainĂ© de Caroline, et associĂ© dâAuguste.
A la fin de la guerre, Auguste retourna à Saïgon, accompagné de ses deux fils qui avaient été démobilisés. Joseph Créniault était décédé des fiÚvres.
Auguste racheta ses parts Ă sa veuve, et reprit briĂšvement la direction du Magasin pour mieux passer le flambeau Ă ses fils.
Le "Bazar SaĂŻgonnais" devint alors le "Magasin Courtinat".
Auguste se retira en France dâoĂč il continua Ă superviser le bureau dâachats, et Camille et Maurice reprirent les rĂȘnes de lâaffaire.
Le principe, au dĂ©part, Ă©tait dâalterner la direction pour permettre Ă lâun et Ă lâautre de prendre de temps en temps une annĂ©e de congĂ© en France. Puis, Camille sâĂ©tant consacrĂ© Ă dâautres activitĂ©s, notamment une plantation de canne Ă sucre et une sucrerie dans la rĂ©gion de Nha Trang, câest Maurice qui assura effectivement, le plus souvent, la direction du magasin. Ce fut lui qui entreprit son agrandissement en surĂ©levant lâimmeuble dâun Ă©tage. (voir photo ci-dessous).
Le magasin Courtinat en 1920
Au commerce de dĂ©tail pratiquĂ© par le Magasin sâajouta aussi un commerce de gros pour toute lâIndochine en reprĂ©sentation exclusive de grandes marques françaises de parapluies, les parapluies Revel, de tissus, dâameublement, etc.. Ce fut alors la pĂ©riode la plus faste pour la Maison Courtinat.
Les parapluies Revel
Affiche datant de 1922 signée par Leonetto Cappiello
Le rez-de-chaussĂ©e constituait lâespace de vente, le premier Ă©tage Ă©tait consacrĂ© au commerce de gros et Ă lâadministration, le deuxiĂšme Ă©tage Ă©tait une suite de studios qui Ă©taient louĂ©s, le plus souvent Ă des employĂ©s du Magasin. DerriĂšre le Magasin, une cour, accessible par la rue Amiral DuprĂ©, avec, sur la gauche lâimmeuble du Magasin, sur la droite la loge du gardien et des bureaux, au fond une surface couverte pour les rĂ©serves du Magasin.
Le Magasin disposait Ă©galement dâun entrepĂŽt dans le quartier du Port.
Cependant, au cours des annĂ©es 30, lâactivitĂ© du Magasin connut des difficultĂ©s au moment de la Grande Crise, difficultĂ©s aggravĂ©es par lâindĂ©licatesse dâun comprador chinois qui disparut un jour pour Singapour avec une bonne partie de la caisse !...
Au mĂȘme moment, de sĂ©rieux concurrents sâinstallaient Ă SaĂŻgon, comme le "Grand Magasin Charner". Lâaffaire connut alors des moments trĂšs compliquĂ©s, mais Maurice Courtinat sut mener Ă bien une nĂ©gociation des plus ardues avec les banques pour permettre la poursuite des activitĂ©s en restructurant et les dettes et les activitĂ©s. Câest ainsi quâil redĂ©finit la vocation du Magasin, abandonnant le commerce de gros, et se spĂ©cialisant sur le haut de gamme, lâhabillement sur mesure, la haute couture, la joaillerie, les parfums, etc...
Les Magasins Charner pour le "prĂȘt Ă porter", la Maison Courtinat pour le "sur mesure" !
Le Magasin Courtinat vers 1920
A l'angle de la rue Catinat et de la rue de l'Amiral Dupré en 1920
Calendrier publicitaire A. Courtinat 1921
Le magasin Courtinat en 1936
>Maurice Courtinat
Maurice Courtinat dirigea le Magasin de 1919 Ă 1945
Maurice Courtinat dirigea la Magasin de 1919 jusquâau 24 septembre 1945, date Ă laquelle il fut victime des troubles qui se produisirent Ă SaĂŻgon.
Le magasin Courtinat en 1952
Le magasin Courtinat en 1952
Maurice Courtinat disparu, ce furent ses fils ainés Renaud et Philippe, aidés par Yves Paira, qui assurÚrent à tour de rÎle la direction effective du Magasin..
Renaud et Philippe Courtinat
A cette Ă©poque, Lyon avait perdu son statut de premiĂšre place commerciale de France, et le bureau dâachat fut transfĂ©rĂ© Ă Paris.
Mais la mise en place dâun gouvernement du Vietnam indĂ©pendant en 1949, puis le scandale du trafic des piastres, conduisirent Ă des complications, des restrictions, et des difficultĂ©s de transfert de fonds entre le Vietnam et la France, difficultĂ©s trĂšs contraignantes pour les activitĂ©s dâun magasin qui reposaient essentiellement sur lâimportation de marchandises françaises.
Les malversations de quelques-uns rejaillissaient ainsi, de façon bien négative, sur les activités commerciales de tous !...
Puis survint Điện BiĂȘn Phủ et les accords de GenĂšve en 1954, suivis ensuite de lâarrivĂ©e des amĂ©ricains.
Philippe Courtinat, le dernier directeur du Magasin, nĂ©gocia alors sa vente avec une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine intĂ©ressĂ©e, en 1958, mais le gouvernement de NgĂŽ ĂĂŹnh DiĂȘm fit jouer son droit de prĂ©emption, lâacheta et le transforma en un hall dâexposition et de vente de lâartisanat vietnamien.
L'ancien magasin Courtinat transformé en un hall d'exposition
Đường Tự Do. Lề đường bĂȘn phải lĂ gĂłc Tự Do-Nguyễn Thiệp, cuối dĂŁy nhĂ lĂ ngĂŁ ba Tự Do-ThĂĄi Lập ThĂ nh (nay lĂ ĐĂŽng Du).
La rue Catinat est devenu la rue Tu Do
L'ancien magasin Courtinat pris en photo par un soldat américain John McDevitt en 1966.
Construction du complexe hotelier Sheraton en 1998
Construction du complexe hotelier Sheraton en 1998.
L'hĂŽtel Sheraton en 2016
A la place de l'ancien magasin Courtinat Ă l'angle de la rue Catinat et de la rue de l'Amiral DuprĂ© durant la pĂ©riode coloniale française, en 1955 durant la rĂ©publique du Sud-Vietnam Ă l'angle de la rue Tu Do et de Lap Thai Thanh, maintenant Ă l'angle de la rue Khoi et de la rue Du, se trouve dĂ©sormais l'hĂŽtel "Sheraton" et le magasin "Gucci" (88 ĐĂŽ̀ng Khởi).
Magasin Courtinat góc Catinat - Amiral Dupré thời Pháp thuĂẒ̌c, sang thời CĂẒ̌ng hòa là cửa hàng bách hóa Saigon Departo góc Tự Do - Thái LĂą̣p Thành, nay là khách sạn Sheraton góc ĐĂŽ̀ng Khởi - ĐĂŽng Du.