Jean Gourbil est né le 11 septembre 1929 aux Sables d'Olonne (Vendée).
Engagé volontaire , pour une période de 3 ans à l'École d'Application de Transmissions de Montargis. EAT du 13 janvier 1948 au 26 novembre 1948 (Stage d'instructions de 11 mois).
- Muté à Laval, au 38eme BT , du 26 novembre 1948 au 18 février 1949.
- Désigné pour les TOE (Indochine) détachement 361 F, le 18 février 1949
- En attente à Sète, 28éme BT du 20 février 1949 au 18 avril 1949
- Embarqué à Marseille le 21 avril 1949, sur le S/S Ste Mère l 'Eglise
L'École d'Application de Transmissions de Montargis (Loiret)
" E.A.T. "
La photo repésente le Quartier GUDIN lors de la fête du 14 juillet 1948
Création à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale d' une école unique à Montargis (Loiret) pour former des spécialistes transmissions de toutes armes.
Après sa création l’école voit arriver des militaires ayant fait campagne ou rentrant de captivité puis ses rangs vont grossir progressivement, en particulier avec du personnel venant d’autres armes et intégrés dans les Transmissions. De ces rangs les élèves seront affectés en métropole, en Indochine et en Afrique du Nord.
E.A.T. 1948
A gauche le Groupement à L'EAT (Hubert Agogué en partant du bas, Jean Pillon, Jacques Chassagne, Lapisse, Serge Maffeis, Jean Gourbil et Christian Paquet)
A droite Jean Gourbil et Serge Maffeis Montargis
De gauche à droite Jacques Chassagne, Christian Paquete et Jean Gourbil au centre à l'EAT 1948
A gauche Jean Gourbil EAT Montargis 1948
A droite l'Ecole d'Applications des Transmissions à MONTARGIS (le petit cube a été érigé pour la promotion 1948)
Étape à Sète en 1949
A gauche Gourbil et Courrèges, toujours l'attente et le farniente à Sète en février 1949.
A droite en l'attente d'un prochain départ, plus d'un mois au 28eme BT à Sète. Rien à faire, seulement attendre, alors aussitôt la solde perçue elle était dépensée à l'extérieur...
C'est cela l'oisiveté, et peut-être l'anxiété du lendemain !!
Chaque jour était semblable à la veille...lever, toilette, déjeuner, et sortie en ville pour toute la journée...Plage, bars, cinémas et dancings !!
Quand arrivait le soir et la rentrée à la caserne nous n'étions pas très nets, mais nous avions des excuses.
Je me souviens d'un soir, ou nous avions bien vécu nous arpentions les bords du quai à Sète, et le calot d'un copain s'est envolé.. Il a courru, sauté, sur un bateau et dans son élan est tombé dans le port. Fort heureusement il a pu remonté à bord trempé , mais gai et heureux.
Arthur Rimbaud avait raison "On est pas sérieux quand on a 17 ans !!!." et moi j'ajouterai, c'est beau l'insouciance de la jeunesse !!
Quand nous avons su la date de notre départ pour Marseille, alors, la veille nous avons arrosé cela de plus belle avant de quitter notre terre natale. Le soir très tard quand nous sommes rentrés, je n'était plus en mesure de remonter l'escalier, mais la camaraderie cela existe dans l'armée.
je ne donnerai pas plus de détails, si ce n'est que le lendemain matin, ce sont mes copains qui se sont chargés de mes bagages et de moi.
Départ pour l'Indochine le 21 avril 1949
A gauche sur le quai de Marseille un ancien "Liberty Ship" rebaptisé "Sainte Mère l' Eglise"
A droite l'embarquement à Marseille le 21 avril 1949
Au revoir Marseille
Nous étions tous accoudés au bastingage, regardant s'éloigner la terre, notre pays, quand à côté de moi un jeune soldat pleurait, je penais à cet instant qu'il était comme moi et qu'il avait le coeur gros de quitter tous ses êtres chers.
Je lui ai dit pour le rassurer:
"Ne pleure pas , tu la reverras ta mère !"
et là il m'a répondu dans un sanglot semi étouffé:
"Ma mère je viens d'apprendre qu'elle est morte".
Nous avons fait le voyage ensemble , voyage qui nous a réuni pour le meilleur et pour le pire.
A gauche la cale ou nous étions tous entassés comme des bêtes
A droite le repas, toujours le même ragoût !!
Passage du Canal de Suez
Port-Saïd
En route pour l'inconnue: l'Indochine...
Escale à Djibouti
A Djibouti il faisait une chaleur étouffante, mais malgré cela nous étions tous avides de tout ce que nous étions en train de découvrir. Quand nous sommes allés prendre un verre dans un bar qui se nommait "Le Palmier d'Acier", et où il y avait une petite trace d'humidité.... et bien on nous a dit que c'était normal, parce que lorsqu'elle aura disparue ... ce sera la ...sécheresse !!! oui, alors rejoignons notre "paquebot" , pour un univers plus clément !!!
Durant l'escale à Djibouti nous avons pu étrenner le beau casque colonial offert à cette occasion par notre pays, la France.
Escale à Singapour
A Singapour j'ai eu envie d'aller dans une église catholique , et ce fût Sainte-Thérèse, et c'est là que j'ai rencontré un père blanc, tout vêtu de blanc , avec des cheveux blancs, et une grande barbe blanche. Ce fût très impressionnant de le rencontrer, mais il fut d'une telle gentillesse à notre égard, que je ne l'oublierai jamais et son image est toujours gravée dans ma mémoire.
Il nous a offert une bonne bière, et nous a donné quelques conseils, mais je n'en dirai pas plus, sauf que c'est dommage et grand dommage qu'il n'existe plus ce genre d'homme, pour aider les autres.
Lors d'une escapade sur la terre ferme, à Singapour, bien sur, nous sommes allés dans un bal. Il faut savoir que dans ces pays, pour danser il faut payer une "Taxi Girl". C'est ce que j'ai fait comme mes copains .Je suis tombé sur une gentille fille Malaise qui pouvait avoir mon âge,19 ans , et nous avons dansé ensemble. Mais aprés quelques danses elle ne voulait plus que je la paie !!! Puis tout d'un coup, grand bruit, coups de pétards, gueulements en américain !!
Alors elle m'a pris et m'a emmené derrière une colonne pour me cacher et...tout cela en me serrant dans ses bras et me demandant de l'emmener avec moi.
l'orchestre a continué à jouer pendant la bagarre jusqu'à l'arrivée de la MP.
Quand à moi et bien j'ai été sauvé par une gentille malaise, à qui je je dois beaucoup, mais elle est restée dans son pays. De toute façon je ne pouvais et je n'étais qu'un ado qui avait un peu grandi, mais pas assez pour pouvoir assumer.
La vie est ainsi faite !!!
Heureusement qu'il reste des souvenirs que personne ne viendra prendre.
De rares instants de détente sur le pont du "Sainte Mère l'Église"
A gauche on s'amuse sur le bateau, 34 jours de mer c'est long !
A droite arrivée au port de Saïgon