Revue Mensuelle Illustrée |
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Villégiature au Cap Saint-Jacques
écrit en 1954 par Nguyen Van Lang
Article paru dans le mensuel "Indochine-Sud-Est Asiatique"
La plage des Cocotiers - Bãi Trước
La plage des Cocotiers donne au Cap un aspect de Côte d'Azur.
Dernière émergence vers le Sud de la grande Chaîne Annamitique, deux pitons rocheux projetés vers les embouchures du majestueux Mékong, commandent la route maritime de Saïgon. Les apports de la vague ont ourlé entre ces deux rochers une anse de sable fin abritée. C'est la plage la plus proche de la population région de Saïgon-Cholon, et c'est là que s'étend le port de Vũng Tàu, c'est-à-dire l'Escale, ainsi baptisée par les gens de ce pays, et appelée Cap Saint-Jacques par les Français... suivant les Portugais et leur saint patron, Jacques de Compostelle, il y a beacoup de siècle ?
Commandant à l'industrie des hommes par sa position et ses caractères, le Cap Saint-Jacques s'est imposé comme caractères, le Cap Saint-Jacques s'est imposé comme forteresse et comme station climatique. Les pêcheurs vietnamiens s'y installèrent sur les Khmers, à la fin du XVIe siècle. Avant eux, les coureurs des mers s'y étaient abrités. N'a-t-on pas reconnu cette rade dans des quatrains des Lusiades de Camoëns ?
Les hardis Bordelais y transbordaient sans doute dès le XVIIIe siècle leurs marchandises. Un des compagnons de Pigneau de Behaine, Manuel le Marin, y combattit, appuyé par le fort vietnamien, dans les fossés duquel ont été déterrés quelques pièces d'artllerie dont une, véritable œuvre d'art, fondue en 1636 à Amsterdam, porte les lys de France.
Dès 1860, la Marine française organisait au Cap Saint-Jacques un dépôt des équipages et cédait vers 1871 l'un des bâtiments à une compagnie anglaise pour l'installation d'une station de câble sous-marin Europe-Asie, via Suez.
Les pilotes de la Rivière de Saïgon arrivèrent à la même époque. Se concurrençant dangereusement, embarqués sur de frêles goëlettes, ils croisaient au large et se disputaient les navires prêts à remonter la Rivière jusqu'à Saïgon.
Certains, rapporte la tradition orale, ne craignaient pas d'aller les navires "clients" jusqu'à la sortie de Singapour. Combien de ces pilotes audacieux et sans scrupules se sont-ils perdus en mer.
Cap Saint-Jacques
Le "Pasteur" vue au large
Tàu "Pasteur" ngoài khơi
D'octobre 1945 à février 1956 le navire"Pasteur" fut un des rouages essentiels des départs et des retours des soldats Français, on compta 81 rotations entre la France et l'Extrême-Orient.
Le "Pasteur" débarquait ses premiers passagers au large du Cap Saint-Jacques car son tirant d’eau ne lui permettait pas de remonter la rivière de Saïgon. Des barges de débarquement ou de petits cargos comme le "Saint-Michel" ou "île d’Oléron" prenaient le relais.
Il se dirigeait ensuite vers Tourane (Da Nang) puis sa destination finale : la Baie d'Along, le port de Haïphong n'étant pas également accessible pour les mêmes raisons que celui de Saïgon.
La durée des trajets était de 15 jours pour Saïgon et de 20 jours pour Haïphong.
Le Phare - Den Pha
Le phare du Cap Saint-Jacques est situé sur montagne du Télégraphe (maintenant Nui Nho), avec la structure présente construite en 1911.
Il a 3 mètres de diamètre et 18 mètres de haut ; près de lui se trouvent quatre vieux canons Français (10 mètres de long et pesant plusieurs tonnes). Antérieurement ils étaient utilisés pour la défense de la région d'attaques navales.
La phare offre une vue exceptionnelle sur le Cap Saint-Jacques).
Il a été équipé avec une lentille pour phare conçue par la Compagnie Henry Lepaute, située au 11 rue Desnouettes - Paris XV.
Le Phare symbole du Cap Saint-Jacques depuis sa construction en 1911.
Les vents du large qui battent la presqu'île du Cap Saint-Jacques lui font un climat exceptionnel, convenant aux organismes débilités et leur assurant, avec la sensation de bien-être physique, le repos et la détente nécessaire à toute convalescence. la température y est constamment inférieure à la plaine du Sud-Vietnam.
Les saisons au Cap Saint-Jacques sont également plus arrosées. Par la moyenne annuelle des hauteurs d'eau de pluie, par la rigueur et la durée de la saison sèche, le "Cap" se situe hors de la plaine deltaïque de Cochinchine et s'intègre dans la zone climatique de l'intègre dans la zone climatique de l'extrème Sud de l'Annam. Près de dix mois de "beau fixe" par an, peuvent être garantis aux estivants, les périodes les plus perturbées se situant en octobre-novembre. Plus encore que les adultes, les enfants bénéficient du climat du "Cap".
L'expérience des colonies de vacances a prouvé que, par un séjour de vingt à vingt-cinq jours, les adolescents gagnaient une moyenne de poids de trois à quatre kilos.
Le climat du Cap Saint-Jacques convient particulièrement aux enfants et adolescents.
Dix mois de beau fixe y sont garantis chaque année.
La plage des Cocotiers - Bãi Trước
La plage des Cocotiers donne au Cap un aspect de la Côte d'Azur.
Des jonques aux voiles de Latanier courent sur la mer scintillante
Construite entre les deux collines dites Petit Massif, au Sud et Grand Massif, au Nord, la ville du Cap Saint-Jacques borde sur plus d'un kilomètre la Plage d'un Cocotiers (réputée pour l'absence presque totale de cocotiers...) et s'étale en profondeur jusque vers la Pointe de Tiouan. Dans le petit port, à l'abri de la colline vert jade sur laquelle se dresse le phare, écrivait naguère sous le pseudodonyme de Yann un auteur doublé d'un poète, des sampans de pêche dorment paisiblement. Leur galbe racé invite aux courses océanes ; tous portent l'œil protecteur qui doit éloigner les génies malfaisants. Plus loin, à l'ancre, des saumuriers se balancent doucement. Leurs voiles roulées autour de la mâture brune se dressent sur le ciel azuré. Jonques de haute mer chargées de précieux "nuoc mam", elles transportent leur produit épi cé des terres rouges de Phan-Thiet vers la grouillante agglomération de Saïgon-Cholon.
Au-delà du petit port, de l'autre côté du phare, plus en avant de la mer, on atteint les Roches Noirs. Un délicieux chemin, devenu route, y conduit, bordé d'un côté par l'eau clapotante dans laquelle poussaient il n'y a pas si longtemps les palétuviers, de l'autre par des bambous légers qui chantent en dévalant la colline. Il traverse un hameau de pêcheurs. Un filet conique que le soleil magnifie en résille d'or éblouit brusquement.
Dans la lumière joyeuse du matin, les baigneurs juchés sur des tac-à-tac entreprennent de bruyantes courses. Les petits chevaux autant qu'ils le peuvent leurs courtes pattes, encouragés par les cris des cochers, qui aiment s'accroupir à l'extrême nord de leur véhicule. On s'arrête près d'un bouquet de pandamus, arbres étrangers
dont les tiges tourmentées, tendues vers le large, semblent présenter en offrande, aux divinités de la mer et du vent, les panaches de leurs longues feuilles chevelues.
Le Cap Pointe
Les militaire français en villégiature sur la plage du Cap Pointe.
La plage des Roches Noirs
La route côtière des Roches Noires du Cap Saint-Jacques.
Que dire de la couleur du ciel et de l'eau ? Chaque heure du jour leur donne une splendeur plus précieuse Sur la plage, que l'eau à marée basse lèche doucement, les corps dorés, étendus, se confondent avec le sable blond. Mais des maillots éclatants jalonnent la grève de leurs couleurs brillantes.
Sur un rocher d'un brun sépia, un jeune dieu de la mer au corps de bronze d'or rêve dans la chaleur torride de midi....
D'immenses dalles de granit gris et bleu descendant jusque dans les vagues quelque chaussée cyclopéenne.
Dans le sable, des crabes transparents malaxent leurs boulettes, creusant sans arrêt avec leurs pinces hypertrophiées, semblables aux d'un minuscule excavateur. La surface des plaques rocheuses au ton d'ardoise, couverte d'arapèdes blanchâtres, disposées en bon ordre, ressemble à un immense échiquier abandonné là par le peuple mystérieux de la mer.
A l'horizon, le ciel devient lilas, tandis qu'au zénith il reste immuablement bleu, bleu avec de larges traînée de nuées transparentes.
Dans les rochers, des coquillages précieux pullulent. Il y a aussi des éponges d'un outre-mer vif, des conques brunes ornées de dessins géométriques rappelant d'antiques poteries.
D'autres coquillages, aux formes surprenantes d'un jaune vert brillant, aux formes surprenantes font penser à la coiffure de Çiva.
Sur la mer scintillante courent des jonques aux voiles de latanier tressé que le soleil patine d'or mat.
L'éblouissant symphonie des couleurs et des parfums
Que dire de la couleur du ciel et de l'eau ? Chaque heure du jour leur donne une splendeur plus précieuse. Dans le clair matin le ciel d'azur lumineux est d'une transparence exquise ; l'immensité marine rit joyeusement ; le soleil étincelle partout, allume sur les eaux bleues des paillettes d'or qui flambent aux crêtes des petites vagues et jaillissent inlassablement. Une impression de jeunesse vibre partout alentour.
Vers midi, le bleu de la mer se fane, vire au gris-perle que le soleil moire. C'est l'heure où les pêcheurs du petit port tirent leurs filets tendus en demi-ellipse : des bustes de bronze d'un cône d'argent brillant émergent de l'étain des eaux, dans la pose hiératique des hommes de mer.
Parfois le soleil est voilé, les nuages se teintent de glycine. Une tristesse se répand alors alors sur la mer. Les voiles des jonques s'éteignent, l'eau et le sable se nuancent de grisaille. Mais le soleil jaillit à nouveau ; la mer verdit à nouveau ; s'argente, rit Quand vient le soir, le mauve du ciel devient devient plus encore de toutes ses étincelles embrasées. Puis un autre nuage revient et la mer reprend son visage de cendre. La brise souffle ; les voiles des jonques s'enflent, s'orientent, courent encore plus vite sur les eaux grises.
Quand vient le soir, le mauve du ciel devient plus doux encore. Masqué par des nuages, le soleil est invisible, mais une tache orangée plaque le couchant. Par degrés, l'espace s'imprègne d'améthyste.
A l'horizon, les mâts des navires ensevelis semblent des croix dressées. Une ligne sombre arrête le regard : la silouette d'un grand navire émerge.
Vers quelle route fabuleuse se dirige-t-il ?
La nuit descend insensiblement : une traînée rutilante glisse sur la mer y fait miroiter des reflets pourpres et, un peu au-dessous de l'horizon, le ciel se farde de rose tendre. L'eau grise prend des teintes violines. Le grand massif vert s'éteint. Dans ses arbres qui s'assombrissent, le cap s'endort, dans la paix du soir.
Un à un des feux s'allument sur la mer qui devient un beau miroir de vieil étain. Dans le ciel crépusculaire, entre les mâts, glissent des sampans à l'arrière desquels se dressent des silhouettes blanches ou sombres. Sur les jonques rougeois parfois des braises ardentes, d'où monte une fumée bleue, pendant que le leitmotiv de la mer, qui tout au long du jour a bercé sans fin la fin la petit cité, accompagne le bruit des voix humaines .
Le phare promène sur les eaux noires, où se reflètent les lumières de la ville, son faisceau lumineux. Sous les arbres, les étoiles blanches des frangipaniers luisent doucement.
Tout invite au calme, à la rêverie...
Le Bar S.O.S. - Cap Saint-Jacques
Sur la terrasse du Café S.O.S. au Cap Saint-Jacques.
Le bar S.O.S, restaurant (le Bar S.O.S est situé à 100 mètres du Centre de Repos des Troupes Françaises d'Extrême-Orient)).
Quai Lanessan - Cap Saint-Jacques - Tél: 24.
Á la fin des années 40 et dans les années 50, le bar S.O.S. était le lieu de rendez-vous des soldats du Corps Expéditionnaire Français du Centre de Repos et des expatriés de la métropole.
Le charmant bungalow perdu dans la verdure, c'est ça le S.O.S., un bar et un restaurant perdu en Indochine. Vous pouvez prendre un verre, vous pouvez manger et vous pouvez danser (si vous en avez envie).
Sa terrasse balayée par la brise marine est le refuge des poètes et des rêveurs (voire bien souvent les deux).
La terrasse du Café S.O.S. au milieu d'un terrain ombragé
Retour par les méandres lumineux
de la rivière de Saïgon
Le petit avion taxi pique vers les massifs verdoyants, au pied desquels, semés dans un apparent désordre, gîte des toits rouges, et se pose doucement sur le petit aérodrome du Cap Saint-Jacques. Des Saïgonnais fourbus, épuisés, vont passer le week-end à la plage.
D'autres, par semaine, s'y rendent par la route en deux heures et demie. Dès Bien-Hoa, tout ce qui file vers Baria a un air pressé d'aller se baigner. C'est à qui d'aller se baigner. C'est à qui s'ouvrira la route à coups de klaxon joyeux : de la voiture américaine au scooter, en passant par la brave 2CV Citroën ; tout ce qui roule est chargé au maximum Rires des enfants, visages enfantins aux portières, robes des filles claquant au vent comme des étendards bariolés : une Côte d'Azur en plus bronzé !
La station balnéaire du Cap Saint-Jacques (Vũng Tàu) attire chaque fin de semaine des touristes depuis des décennies notamment ceux de Saïgon.
Le long de la route du cap le paysage sent encore la guerre : arbres abattus, broussailles coupées ou brûlées sur deux ou trois cent mètres, tours de guet ou en terre battues, barbelés, fossés hérissés de bambous acérés. Deux ou trois poste de péage ravivent les souvenirs d'école, où l'on apprenait qu'à l'époque féodale les facilités de la route étaient une marchandise que les transporteurs payaient à l'entrée de chaque territoire.
Après Baria, les derniers kilomètres sont parcourus au sprint, et il n'est pas rare de trouver un camion chinois, ou un gros taxi, les roues en !'air dans la rizière, ou coincé entre les palétuviers.
Puis on arrive au cap, place du Marché, où la marée fraîchement débarqués, et les fruits de mer miroitant au soleil aiguisent l'appétit. Des Chinois, hilares et ventrus, s'affairent dans leurs boutiques. Les marchands vietnamiens, plus discrets mais non moins habiles, attirent leurs compatriotes per des formules cabalistiques.
Sa terrasse balayée par la brise marine est le refuge des poètes et des rêveurs (voire bien souvent les deux).
La nuit, les lumières des jonques et le rayon lumineux du phare jouent d'étranges symphonies.
Le marché du Cap Saint-Jacques - Chợ Vũng Tàu - 1954
Les enfants de troupe vietnamiens, en sortie collective, passent entre les états sous la dicection de leur aînés. Mince Minces et racés, les plus âgés adressent des signes imperceptibles aux filles qu'ils connaissent. Les petits semblent admirablement sérieux pour leur âge.
une trentaine de bonzes, colonne par un et s'arrêtant fréquemment, defilent en silence en silence, tête rasée et tunique ocre, impassibles, ne faisant même pas le geste le geste de tendre aux donateur les coupes, marmites et paniers qui se remplissent d'offrandes. Pêle mêle Vietnamiens, Chinois, femmes et enfants y déversent du riz, des bananes, des oranges, des mangues, ananas, poissont séchés, oignons, cuisses de poulet, des tranches de lard.
Les convalescents, anciens combattants français et vietnamiens, unijambistes, manchots, plâtrés, couverts de cicatrices, se dirigent vers la plage, sous l'allée ombreuse.
Quatre heures de l'après-midi : C'est la bonne heure pour le bain dans la baie des Cocotiers. Dans l'eau tiède où toute l'humanité se coudoie, chacun se sourit : la communion dans le plaisir se fait spontanément, quelle que soit la couleur de peau ou la situation sociale.
Un groupe de jeunes gens, chahutait de jolies filles déshabillées, en bikini, discute du programme de la soirée :
Le marché du Cap Saint-Jacques (Vũng Tàu).
Église du Cap Saint-Jacques - Nhà thờ
L'église catholique, construite durant la période française, est un mélange architectural Chinois et Français, un peu comme l'église Notre-Dame-des-Missions-du Cygne D'Enghien à Epinay-sur-Seine en France.
L'église du Cap Saint-Jacques est située dans la rue Trần Hưng Đạo
Le Grand Hôtel
Le Grand Hôtel du Cap a été construit en 1897, il est situé sur le quai Lanessan (en face de Bãi Trước).
Après le bain, il faudra retourner dans la fournaise de Saïgon. Les gagne-petits et les militaires du Centre de Convalescence du Cap Saint-Jacques prendront la Chaloupe "Argoat" ou "Armor". Pendant quatre heures ils remonteront le courant limoneux de la rivière de Saïgon entre deux rives bordées de palétuviers.
Comme chacun sait, ces arbres vivent dans l'eau, et le malheureux voyageur qui tomberait inaperçu dans le fleuve, ne pourrait prendre pied où ils s'élèvent, tantôt noyées par le flux, tantôt à l'heure de la marée descendante, abandonnées par l'eau qui laisse à découvert une plaine de fange nauséabonde où l'homme et les grands animaux s'enliseraient jusqu'à la mort.
Seuls les oiseaux de mer et de marécage viennent se poser sur les palétuviers tristes, et de petits singes, aussi, bondissant de branche en branche, s'avancent jusqu'au bord de l'eau.
Et vous avancez toujours. Maintenant vous retrouvez pour la première fois depuis le Cap Saint-Jacques des marques de la présence et de l'activité humaines : des cases sur pilotis et, derrière le rideau de moins en moins épais des palutiviers de marécages, les bananiers aux longues feuilles retombantes, la svelte tige et le fin plumeau des aréquiers, pareils à une fille ébouriffiée ; et les mangueirs et tous les arbres exotiques des vergers d'Annam ; ça et là un cocotier jaillit de terre ; mais au lieu de s'ériger tout droit vers le ciel comme ses cousins l'aréquier et le palmier. Il serpente obliquement, avec les sinueuses inflexions de son style frêle, et finit par dresser son éventail de palmes, par dessus la tête des arbres voisins.
Plus haut encore et plus avant...
Maintenant le rideau marécageux n'a plus deux mètres d'épaisseur : puis, il disparaît tout à fait : d'étroits et profonds arroyos, véritables canaux naturels, les sûrs chemins qui marquent de ce beau pays, glissent silencieusement parmi les rizières.
Les rizières, elle s'étendent à perte sans limite, vers les quatre horizons comme une mer. Leurs chaumes et leurs épis ne sont pas cassants et lourds comme ceux des froments et lourds mais au contraire fins et souples ainsi que les cheveux d'enfants ; et la moindre brise, comme sur les lacs, y creuse des plis, y glonflent des vaglettes qui se prolongent jusqu'à l'horizon.
Et dans cette immensité les villages, de plus en plus serrés, semblent des îles ou des navires à l'ancre.
Les méandres de la rivière de Saïgon
Le navire remonte toujours, suivant les sinuosités d'interminables lacets, tournant sa proue tour à tour vers chacun des quatre points cardinaux. Là-bas, tout au loin, Saïgon apparaît vous appercevez les plus hautes constructions du quartier admnistratif : le Palais Norodom, le château d'eau, et, les dominant de toute la hauteur de ses tours carrées de briques rouges, la Cathédrale.
Pendant deux heures ces tours se dressent dans votre horizon à droite, à gauche, au nord, au sud, semblant jouer à cache-cache avec l'œil du voyageur curieux. Enfin, voici Saïgon !.
Déjà ! songent les estivants retour du Cap Saint-Jacques.
Juin 1949 au Cap Saint-Jacques, départ du "Têtard" à Rach Dua.
à droite l'Argoat
La ligne du Cap Saint-Jacques à Saïgon
Sur la Chaloupe Argoat sur la rivière de Saïgon.
Le Bateau "Argoat" assurait la liaison quotidienne du Cap Saint-Jacques (Rach Dua) à Saïgon (quai près de l'Hôtel Majestic), l'autre bateau effectuant la liaison dans l'autre sens était l'Armor".
Avec l' Armor et l Argoat les marins bretons étaient bien présents dans cette partie de l'Indochine !!
A la fin de la guerre d'Indochine en 1954, la route à nouveau sécurisée supplantera la liaison fluviale en divisant par deux le temps de parcours, la ligne sera abandonnée en 1955.
Aujourd'hui la liaison en hydroglisseur (de fabrication soviétique) du Cap Saint-Jacques (Vung Tàu) à Saïgon (quai près de l'ex-Pointe des Blagueurs) s'effectue en 1h30 au lieu des 5 à 6 heures suivant les marées au début des années 50.
Sur la Chaloupe en route pour le Cap Saint-Jacques.
Carte écrite en mai 1950 par un marin Français
Cap Saint-Jacques.
Chers Parents,
Je suis pour le moment en repos au Cap Saint-Jacques pour 10 jours. Pas de quart, baignade enfin loin de tous les soucis du bord - Ça
ne fait pas de mal. Nous partons pour Madagascar le 27, je vous écrirai en cours de route. J'espère que vous en bonne santé.
Bons baisers à tous.
Jean.